Et mon coeur transparent, Véronique Ovaldé


Au départ, c'est l'histoire d'un type qui prend un talon aiguille sur la tête en marchant dans la rue. Ou plutôt non, c'est l'histoire d'un homme qui aime les talons hauts mais "vit dans une absence paisible aux autres", quitte sa femme pour une sulfureuse Irina. Une histoire où les femmes ont des cheveux de Gorgone et où les objets comme les maisons ont une fâcheuse tendance à disparaitre.

"Des piles de livres et des paires de chaussures, toutes avec des talons si hauts qu'elles existaient sans les pieds qui les chaussaient - les mocassins plats ont toujours un air abandonné, incomplet et pitoyable, les chaussures à talons aiguilles vivent leur vie de conte de fées sans le soutien de qui que ce soit, elles peuvent gésir à terre, sur un lino douteux, elles conservent une grâce miraculeuse et une splendeur distante"

Lancelot est appelé au téléphone un soir par la police. Sa femme, Irina a été retrouvée morte dans une voiture ne lui appartenant pas. Lancelot se précipite sur les lieux, se remémorant sa rencontre avec Irina.

Mais très bientôt il bascule dans un monde étonnant, allant de révélation en questions, et d'inquiétudes en angoisses et en paranoïa. Irina était-elle bien réalisatrice de documentaires animaliers ? Qui est cet homme qui se prétend son père ? Qui est vraiment Tralala ? Et pourquoi les meubles se volatisent-ils ? Que veut Marie Marie à Lancelot avec son tailleur rose et son parfum à la framboise synthétique ?

"Un tiers de Schweppes + deux tiers d'essence. Il relit la phrase. Dessous il y a écrit en plus petit : Schweppes ou concentré de jus d'orange. Il se dit, C'est un cocktail spécial"

Au départ je suis un peu agacée par le phénomène Ovaldé ; et puis le style, très travaillé, me fatigue. Et puis le charme de l'étrange aura agit de manière mystérieuse. Des accents de l'Ecume des Jours, et une pincée de Murakami type Kafka sur le rivage (du reste on retrouve le tailleur rose bonbon).

Indéniablement étonnant, inclassable à bien des égards, en tous les cas à essayer.

Pour prolonger la découverte de Véronique Ovaldé, vous pouvez aussi lire les billets concernant Les hommes en général me plaisent beaucoup, et Ce que je sais de Vera Candida.

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