Les hommes en général me plaisent beaucoup, Véronique Ovaldé


Encore un OVNI signé Ovaldé.

"J'ai repassé des milliers de fois la façon dont les évènements se sont combinés, j'ai cherché à quel moment tout était parti en vrille, pourquoi j'avais fini par baigner dans mon sang dans une absolue solitude, j'arrivais juste à me dire, c'est parce que j'ai été mauvaise mauvaise que les choses se sont mal goupillées et j'ajoutais pour me meurtrir un peu plus, c'est une histoire avortée, c'est une histoire qui pisse le sang et je grimaçais de me revoir sur la paillasse de Yoïm gouttant sur le plancher avec une régularité de métronome".

Dans ce récit à la première personne, Lili décrit sa vie tranquille avec le beau Samuel dans une jolie banlieue pavillonnaire arborée. Mais déjà, quelque chose ne va pas, et l'anormalité pointe sous la banalité du réel lorsque Lili, en pleine nuit, se lève pour observer l'étrange et poétique défilé-ballet des animaux quittant le zoo en catimini (scène d'ouverture).

C'est que Lili n'est pas une femme au foyer comme les autres. La structure du roman interdit d'en révéler beaucoup plus. On peut seulement dire que, lorsque le lendemain elle se rend au zoo pour démêler le mystère de la fuite nocturne des animaux, Lili croit apercevoir une ombre massive et terrifiante qui fait ressurgir son passé sordide, entre un père sévère et rigide, une mère - "prairie", un petit frère semi-muet, une vieille demoiselle inquiétante et un premier amant douteux.

Et comme toujours avec Véronique Ovaldé, il s'agit de comprendre comment - pourquoi en est-on arrivé là, au sein d'une galerie de personnages assez sérieusement azimutés. Moins triste que Ce que je sais de Vera Candida et moins mystérieux que Et mon coeur transparent, Les hommes en général me plaisent beaucoup est marqué par le même genre de nostalgie. L'écriture reste incisive, avec des phrases longues mais rythmées comme le flux et le reflux des vagues en suivant les méandres embrouillés de la conscience de Lili. Une certaine violence et une certaine brutalité, aussi, pour ce roman qui dérange, étonne ... et plaît encore une fois !

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