Ce que je sais de Vera Candida, Véronique Ovaldé


Encore sous le charme de l'excellent et curieux Et mon coeur transparent, je décide de continuer à explorer le mystère Ovaldé avec une sortie poche récente, Ce que je sais de Vera Candida.

"Ce fut la deuxième coïncidence. Mais les rencontres sont finalement une accumulation de coïncidences qui fait que deux personnes, essayant de résister à la malice du destin et de détourner les chemins qui les mènent l'une vers l'autre, se dirigent inexorablement vers une collision fatale".

Vera Candida s'inscrit dans une lignée de femmes délaissées et de mères célibataires. Vivant sur une étonnante île tropicale, élevée par sa grand-mère pêcheuse de poissons volants, mais anciennement "la plus belle pute de Vatapuna", Vera Candida décide à quinze ans de quitter sa terre natale pour la grande ville, à plusieurs jours de bateau de là. Elle entame alors un parcours initiatique, où elle croisera tour à tour la route d'un journaliste justicier, d'une ancienne nazie reconvertie, d'un travesti dévoué et de revenants affectueux et grognons.

Déjà, il y a la science des titres qui donne une coloration bien particulière à son oeuvre - Des vies d'oiseaux, Les hommes en général me plaisent beaucoup, Toutes choses scintillant, Déloger l'animal, Le sommeil des poissons ... on est forcément hameçonné. Ce décalage constant se retrouve dans les titres délirants des chapitres : la table des matières en soi est une réussite poétique (au hasard : "Apprendre à respirer sous l'eau", "comment les filles du palais des morues réagirent à l'article de Billythekid", "Les mules à talons", "le terminus de la ligne 7", "le léger strabisme de la Vierge")- même si on peut penser que c'est parfois un peu le titre pour le titre.

La toponymie, elle aussi, est toujours enchanteresse, fantasmatique et rêvée - ici nous naviguons avec Vera Candida entre son île natale de Vatapuna, et la capitale Lahomeria, entre l'impasse des Baleines et l'immeuble de la rue de l'Avenir. Les romans de Véronique Ovaldé sont de petits objets poétiques et délicats comme des boîtes à musique précieuses et fragiles. Dans les romans de Véronique Ovaldé, il se passe ce qu'il n'arrive jamais dans la vie, et le merveilleux n'est pas bien loin. On est surpris ou bousculé parfois, mais toujours happé par la force de création de son univers narratif si particulier.

J'aime décidément pas mal, et je recommande !

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