L'homme qui marchait sur la lune, Howard McCord


"Vous, pet de crâne, êtes un lecteur, et la seule chose que je méprise plus qu'un lecteur est un auteur, qui ferait mieux de se présenter clairement comme un onaniste public et qu'on en finisse. Mais je raconte mon histoire, vous écoutez, nous sommes donc liés par un pacte, à défaut de respect. Je suis un auteur, vous êtes un lecteur, et s'il y avait un Dieu, il s'amuserait peut-être à avoir pitié de nos âmes. Ou à leur pisser dessus. En longs jets électriques" (page 44).

Une petite pause dans Le printemps du polar pour lire un nouvel opus des éditions Gallmeister, spécialisées dans la publication du nature writing nord-américain, que j'avais découvertes lors de la lecture de l'excellent La sanction de Trevanian.

Ici, style et objet totalement différents, si ce n'est la montagne comme dénominateur commun. William Gasper marche seul dans les chaînes du Nevada.

Seul ... ou pas vraiment seul ? William Gasper est persuadée d'être suivi, par une femme, dont il croit deviner l'identité. Il s'agirait d'une certaine Cerridwen, rencontrée lors de la guerre de Corée. "Je ne parlai de Cerridwen à personne. Je ne suis de toute façon pas de nature très expansive, et lorsque vous commencez à l'ouvrir sur des histoires de dames en grand manteau qui disparaissent dans un éclat de lumière et ont parfois la lune pour visage, on vous envoie direct en section psychiatrique" (page 65).

Situation compliquée, donc, d'autant qu'il s'avère qu'un homme armé, double étrange du narrateur, est également à sa poursuite.

Roman halluciné, étrange, comme "suspendu", terrifiant à certains égards, et carrément inclassable, L'homme qui marchait sur la lune oscille entre réflexion métaphysique, récit halluciné, thriller et admiration de la montagne.

"Le ciel était maintenant vide de nuages, même si l'air conservait un plaisant parfum d'humidité, et le terrain était bon. Marcher sur une crête est une de mes grandes joies. J'aime être en hauteur, j'aime regarder la terre tomber de chaque côté, j'aime cette sensation de marcher comme un funambule. Il me souvint alors que, même traqué, j'avais toujours choisi les crêtes plutôt que les vallées"
(page 82).

Vraiment bizarre mais exerçant un charme spécial.

Si vous avez aimé L'homme qui marchait sur la lune, vous aimerez peut-être d'autres titres de Gallmeister, qui a une vraie ligne éditoriale, comme La sanction.

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