Le livre sans nom, Anonyme


Incontestablement, le thriller le plus rock n' roll de l'année.

"Bien que peu connu dans la région, il s'était taillé une réputation d'homme à craindre, mais il était à présent totalement bourré, et devenait une cible de choix pour les nombreux voleurs qui fréquentaient le Tapioca. En définitive, ce qui arriverait à Jefe un peu plus tard dans la nuit s'avèrerait être le catalyseur de tout ce qui allait s'ensuivre. A savoir, essentiellement, des meurtres."

Tout y est : de vrais gros méchants, des femmes fatales, des tueurs à gages, des moines fous, de l'hémoglobine en fontaine dégoulinante, des courses poursuites en veux-tu en voilà, des meurtres gore à souhait, des cliffhangers à foison - les clichés du genre, triturés dans tous les sens, d'une façon complètement jouissive.

Une Cadillac jaune, une femme sompteuse sortant du coma, deux moines effarouchés, un réceptionniste ambitieux et sa séduisante amoureuse, une vieille voyante lunatique, un ou deux barmen résignés, un mystérieux jeune homme encapuchonné se faisant appeler le Bourbon Kid, un gros diamant bleu, le Seigneur des Ténèbres en personne, un chef de la pègre locale, un policier spécialiste du paranormal ... Et tout ce petit monde converge vers Santa Mondega, un bled d'Amérique du Sud, sa fête de la Lune, ses bars glauques (le Tapioca, le Nightjar) carnaval de l'extrême culminant lors de l'éclipse totale de soleil.


Ça délire à plein tube, ça dégomme (difficile d'imaginer un page turner plus redoutable), et voilà le lecteur propulsé dans un univers à la Duane Swierczynski (The Blonde, A toute allure), qui n'est pas non plus sans évoquer le X ième degré de l'excellente Sanction de Trevanian, même si on est plus proche, en ton, des Annales du Disque-monde de Pratchett.

Résolument tarantinesque, hautement loufoque, soutenu par une écriture fluide dont la principale qualité est l'aspect cinématographique en diable et la foison de références. Lire Le livre sans nom, c'est un peu comme manger des chamallows, ou, pire, des chamallows grillés. Dans le fond c'est mal, et ça n'est même pas très bon, mais ça fait partie intégrante des petits plaisirs sympathiques qui ne demandent ni un grand effort, ni une subtilité particulière, et dont on se régale avec une certaine forme de culpabilité délectable.

Bref, on jubile, et on en redemande ! (à suivre : L'Oeil de la Lune et Le cimetière du diable).

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