Témoin involontaire, Gianrico Carofiglio

A presque quarante ans, Guido Guierrieri, avocat à Bari, est plutôt déprimé et enchaîne les crises de panique. Son cabinet tourne mollement et sa femme vient de le quitter. C'est dans ces conditions qu'il accepte une cause apparemment perdue d'avance. Il faut défendre Abdou Thiam, un vendeur ambulant sénégalais, accusé du meurtre d'un enfant dans une station balnéaire de la côte adriatique. Tous les éléments sont contre lui, et tous les témoins à charge.

Il s'agit là d'un nouveau venu dans le domaine du policier / roman noir italien, qui compte des spécimens plutôt intéressants, tels que Massimo Carlotto ou encore Piergiorgio Di Cara (Hollywood Palerme par exemple).

Pourtant rarement déçue par un titre de la collection Rivages Noir, j'avoue ne pas avoir complètement accroché à Témoin involontaire. Pour plusieurs raisons : je m'attendais davantage à un polar, et finalement l'intrigue policière en elle-même est soit assez secondaire, soit pas très bien ficelée ; on ne comprend pas bien où Carofiglio veut en venir. Deuxièmement parce que c'est une histoire de procès (sans doute parce que l'auteur est magistrat), un genre qui a ses charmes, mais qui me fatigue à la longue et auquel je n'adhère pas toujours, même lorsque c'est bien mené, comme c'est le cas ici. Enfin, parce que la narration est un peu trop factuelle, et le style finalement assez neutre.

Pour autant le roman n'est pas dénué de qualités, loin de là. Le personnage principal est plutôt sympathique. "Je me souviens parfaitement du jour, ou plutôt de l'après-midi, où tout a commencé. J'étais arrivé à mon cabinet depuis un quart d'heure, et je n'avais aucune envie de travailler. J'avais déjà consulté mon courrier électronique, ouvert ma correspondance, remis de l'ordre dans mes papiers, passé deux ou trois coups de fil inutiles. Bref, j'avais épuisé tous les bons prétextes pour ne rien faire" (page 11). Comment ne pas être solidaire ? La structure du récit, et notamment le plaidoyer final, sont plutôt intéressants. Le roman est pudique, et même émouvant, mais mon avis reste mitigé.

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