Un bonheur de rencontre, Ian McEwan


Colin et Mary sont en vacances à Venise et s'y ennuient gentiment. Ils traînent dans les rues le matin en se perdant entre deux attractions touristiques, traînent l'après-midi dans leur chambre, avant de se pomponner pour l'apéritif et le dîner.

Un soir qu'ils ont quitté l'hôtel trop tard pour trouver encore un restaurant ouvert, ils s'égarent et sont abordés par un inconnu providentiel, Robert, qui les entraîne dans un bar. Bientôt il leur présente son épouse Caroline, fille d'un ambassadeur canadien, souffrante et fragile, isolée dans son palais vénitien. Le lendemain et les jours suivants, tout excités d'avoir rencontré un Vénitien, Colin et Mary connaissent un retour de flamme. Ils ne tardent pas à retrouver l'étrange couple dont ils ont récemment fait la connaissance.

"Nous savions que vous reviendriez. Nous vous attendions, nous faisions des préparatifs".

Difficile d'en dire plus, au risque de déflorer ce qui fait précisément l'intérêt du bouquin. Difficile aussi de la chroniquer dans ces conditions. Autant j'avais adoré Expiation, autant je m'étais ennuyée avec Samedi, autant je reste perplexe devant Un bonheur de rencontre. On est là face à un roman curieux, inclassable, face auquel on ne sait pas bien sur quel pied danser. Puis-je dire que j'ai aimé ? Difficile à déterminer.

Malgré une première moitié un peu lente à mon goût, on est obligé de reconnaître le talent de McEwan pour la subtilité de ses descriptions, et la manière habile dont il distille les jalons essentiels de sa trame narrative ; on est bien sûr décontenancé par la tournure que prend le roman dans son dernier tiers, au travers d'une accélération savamment menée et assez brutale. Le cadre vénitien est maîtrisé, et apparaît finalement indispensable à l'histoire telle qu'elle nous est comptée, avec une mise en écho troublante.

"C'était l'absence complète de circulation automobile dans la ville qui conférait aux visiteurs la liberté de se perdre si facilement. Ils traversaient les rues sans regarder et, sur un coup de tête, s'engageaient dans des ruelles qui les avaient attirés parce qu'elles s'incurvaient pour se perdre dans une obscurité prometteuse ou dégageaient une appétissante odeur de poisson grillé. Il n'y avait pas de panneaux indicateurs. Sans but précis, les visiteurs choisissaient un itinéraire comme ils auraient choisi une couleur, et la précision même de la manière dont ils se perdaient exprimait la somme de leurs choix successifs et dépendait de leur volonté" (C'est si vrai !)

Un roman sensuel, à la croisée de la psychologie d'un Monsieur Ripley et du mystère de Place de Sienne, côté ombre. Donc, avis mitigé. McEwan à ré-ré-réessayer.

"Ce qu'il y a avec les vacances, quand elles sont réussies, c'est qu'elles donnent envie de rentrer chez soi".

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