Passé parfait, Leonardo Padura

" - Vas-y mollo aujourd'hui, mon pote, parce que tu as une sacrée gueule de merde.
- C'est la fatigue, la faim, et aussi que je deviens chauve." (p. 114)

Le défi du printemps du polar continue, même si le temps, plus estival que printanier, n'incite pas à une lecture effrénée, mais plutôt à un ramollissement généralisé.

Ca ne va pas fort pour Mario Conde, qui se réveille avec une gueule de bois carabinée. Pas de chance, le chef a besoin de lui aujourd'hui : Rafael Morin, un ancien camarade de classe détesté du Conde, s'est évaporé au lendemain du nouvel an.

Et cette disparition n'a rien d'anodin, puisque l'homme en question est un cadre important du ministère de l'industrie, d'où une forte pression qui s'exerce sur l'enquête. Qui a voulu éliminer Rafel Morin ? Ne serait-il pas plutôt en train de se cacher ? Si oui, pourquoi, surtout qu'il est "aussi propre que le cul d'un enfant qui sort du bain" ? Rafael Morin apparaît en effet comme le plus irréprochable des camarades, un modèle de réussite en son genre.

Les pistes se brouillent, alors même que le Conde doit affronter les fantômes de son attirance pour Tamara, l'épouse de son ancien rival disparu, dont il était follement épris au lycée, une quinzaine d'années plus tôt.

Roman inaugural de la série Les quatre saisons, Passé parfait tisse les sensations, les belles et vieilles amitiés, et l'ambiance parfois spectrale d'une Havane hivernale et sombre. On fume des cigares, les femmes sont sensuelles, et le rhum coule à flots, les personnages secondaires sont réussis, et le tout baigne dans une douce et douloureuse mélancolie. Un roman attachant par bien des aspects, et où ce n'est pas l'intrigue policière mais bien l'atmosphère qui tiennent le lecteur en haleine.

Jolie rencontre avec cet auteur cubain. Il faut enchaîner d'urgence sur la suite du cycle des Quatre saisons : Vents de carême, Electre à la Havane, et L'automne à Cuba.

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