Où les rendez-vous chez le questeur sont signe de tracassin ;
Où Sa Majesté Victor-Emmanuel III est plutôt casse-bonbons ;
Où un promoteur immobilier milanais réussit plutôt bien en politique ;
Où Montalbano est contraint de se mettre au réveil, maudit Salvo Jr et se laisse distraire par les crises de gréco-hystérie de la sœur du mort et les sous-vêtements minimalistes de sa maîtresse ;
Où le procureur voudrait ouvrir une station service (pour la même raison) ;
Où quand on est coincé, il faut aller déjeuner ;
Où Montalbano commence à se faire vieux.
L’incipit
« Le réveil sonna, comme tous les matins depuis un an, à sept heures et demie. Mais lui, il s’était aréveillé une fraction de seconde avant l’alarme, il lui avait assuffi du déclic du ressort qui mettait en mouvement la sonnerie. Il eut donc, avant de sauter du lit, le temps de tourner les yeux vers la fenêtre ; d’après la lumière, il comprit que la journée s’annonçait bonne, sans nuages.»
Comment en suis-je arrivée là ?
Valeur ultra-sûre, je suis une fan absolue. J’achète les yeux fermés, je n’ai jamais été déçue. Et je suis une grande promotrice de l’excellent Camilleri.
De quoi s’agit-il ?
D’un bon polar ! La série des Montalbano, par Andrea Camilleri (deuxième volet de son œuvre, qui complète ses romans de la veine « historique »), est un petit bijou … je n’en avais pas lu depuis assez longtemps, et j’ai retrouvé notre commissaire avec un véritable délice !
Cette fois-ci, Montalbano et son inénarrable équipe du commissariat de Montelusa (Mimì Augello et ses angoisses de jeune père, Fazio et Gallo, et surtout l’ineffable Catarella dit Catarè, qui déboule à tout va dans le bureau de Montalbano en envoyant violemment la porte contre le mur et nous déboussole toujours avec sa logique plus que spéciale) … bref, tout ce bon petit monde est confronté au meurtre d’Angelo Pardo, célibataire, abattu d’une balle dans la tête à son domicile, et que l’on retrouve dans une position plutôt scabreuse.
Les femmes qui l’entouraient – une sœur ultra-possessive, une maîtresse femme fatale – sont aussi mystérieuses que suspectes. Mais ne s’agirait-il pas plutôt d’un règlement de comptes ? Montalbano navigue en eaux troubles.
La citation
« Il monta en voiture, partit, au bout d’une centaine de mètres, se flanqua une claque sur le front, jura, commença un dangereux demi-tour en fer à cheval tandis que les automobilistes derrière lui révélaient à grands cris que : d’abord, c’était un grandissime cornard, ensuite, sò matre, sa mère était une femme de mœurs faciles, tercio, sò soro, sa sœur, était pire que sa mère » (p. 76)
Ce que j’en ai pensé :
C’est indubitablement du grand Camilleri. On profite de la langue, cette gouaille reconnaissable entre toutes – toujours extrêmement bien rendue par Quadruppani, qui a le mérite de justifier dans une courte préface ses choix de traductions ; on profite des personnages, bien construits et séduisants ; on profite enfin de l’intrigue puisqu’il ne s’agit pas d’un roman policier au rabais : on est littéralement pris dans une histoire palpitante, à rebondissements, et sacrement bien fichue ! Un Camilleri au sommet de son art, à mettre entre toutes les mains.
Paru en italien en 2005 (La luna di carta) – en poche chez Pocket, 6.50 euros – 245 pages.
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