Daniel est brouillé depuis des années avec son frère jumeau Max, avec qui il entretient depuis l'enfance des relations complexes, mêlées de haine et d'admiration. Pourtant Max le contacte : il aimerait que son frère lui rende visite dans la maison de repos, qui tient plus de l'hôtel de luxe que de la clinique, isolée au fin fond des Alpes, où il se remet d'un sérieux burn-out. Sur l'insistance de Max, Daniel accepte de se plier à un projet tarabiscoté d'échange d'identité, destiné à permettre à Daniel de s'éclipser quelques jours pour régler des affaires financières urgentes. Sauf qu'après le départ de Max, Daniel a beau attendre, Max ne revient manifestement prendre sa place. Voilà Daniel piégé.
Deux ressorts narratifs classiques, mais efficaces, sont mis en œuvre par Marie Hermanson, une auteure suédoise inconnue de moi jusqu'alors, dont seuls deux romans sont semble-t-il traduits en français (Zone B, et La plage).
C'est d'abord Shutter Island version vallée alpine : le majestueux paysage montagnard d'Himmelstal est en effet coupé du monde par une sombre falaise et la fameuse "zone B", et se transforme rapidement en cul-de-sac, et vire au huis clos inquiétant, et bientôt étouffant.
Mais c'est aussi Un jumeau singulier en nettement moins burlesque. La gémellité, un grand classique de la littérature de genre, autorise toutes les libertés, depuis le quiproquo jusqu'à l'usurpation. La situation se prolonge dans le roman avec la thématique des personnalités multiples et des substitutions (dont Mister Ripley est un exemple magistral), dans un monde où finalement personne n'est vraiment celui qu'il prétend être (une logique du double qui pullule, avec succès, dans les Boileau-Narcejac).
Zone B est ainsi un roman incroyablement prenant, qui, en dépit des échos qu'il éveille, ne déçoit pas.
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