Et l'obscurité fut, Maurizio De Giovanni - nouveau polar napolitain

Un nouvel auteur de polar que j'aime bien, avec un polar "régional" italien, qui vient compléter un panorama déjà bien installé par le truculent Sicilien Andrea Camilleri, ou, de plus longue date, par le maître milanais Giorgio Scerbanenco.

Encore une fois, je fais tout dans le désordre, et j'entame la nouvelle série du Napolitain Maurizio de Giovanni par le 3e opus, qui suit La méthode du crocodile et La collectionneuse de boules à neige (les titres seuls donnent envie).

 Même lieu, autre temps. Si la bonne série des commissaires Ricciardi (Le printemps, L'été, L'hiver, L'automne et Le Noël du commissaire Ricciardi) prenait place dans la Naples des années 1930, De Giovanni nous installe ici dans la ville contemporaine, une espace urbain qui sert davantage de simple décor (dommage !), alors que la série précédente montrait la face sombre de sa misère et son énergie bouillonnante. Ici, c'est le printemps qui est pratiquement un personnage à part entière, avec quelques très bons passages bouillonnants et mélancoliques.

Palma a récemment été placé à la tête d'un petit commissariat. Fuyant son passé, il a un lourd défi à relever : réhabiliter un commissariat et une équipe discrédités par une grave affaire de corruption. Les brebis galeuses ayant été limogées, reste une poignée d'hommes et de femmes, tous marqués de blessures secrètes, et un peu bras cassés.

Les voilà confrontés à l'enlèvement d'un petit garçon retenu prisonnier par deux inconnus. Autour du richissime grand-père gravitent sa fille, qui vit avec son amant aux crochets de son père, une assistante dévouée, et un ex-gendre venu du Nord, au sein d'une famille bien désunie, aux relations sous-tendues par de violents conflits, et placée dans une situation de plus en plus critique au fur et à mesure que le temps passe. Sous pression, l'équipe de Palma progresse aussi vite que possible.

Un peu circonspecte au départ quant à la vraisemblance d'une équipe composée de bric et de broc autour de personnages aux traits un peu caricaturaux, je me suis laissée prendre au cours de la lecture, jusqu'à éprouver une quasi-tendresse à l'égard d'Alex, Aragona, Lojacona et tous les autres, bien plus au cœur du roman que le commissaire Palma qui ne monopolise pas (loin de là) le devant de la scène, mais réussit à souder une équipe solidaire et attachante. Et l'humanisme optimiste de De Giovanni, en évitant l'écueil "monde des Bisounours", en devient contagieux.

En bref, une sympathique lecture printanière.

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