Adios Scheherazade, Donald Westlake - les errements drôlatiques d'un auteur porno en mal d'inspiration


Un petit cou de mou ? Un Westlake et ça repart. Auteur prolixe s'il en est, quelque peu inégal, mais très souvent drôlissime, avec une composante clown triste ou un peu grinçante qui ne gâche rien au tableau d'ensemble. Les ingrédients sont presque toujours les mêmes : un raté, embarqué dans une affaire qui le dépasse ... mais le plaisir est intact !

Rod, un copain de fac d'Edwin Topliss, débarque un jour, alors que celui-ci est affublé d'un travail pourri et d'une femme enceinte jusqu'aux yeux. Il lui propose un accord plutôt alléchant : devenir son nègre et écrire ses romans porno. Edwin saute sur l'occasion, d'autant qu'apparemment c'est la belle vie : dix jours d'écriture par mois, quinze pages par jour, un opus par mois, et une belle somme à la clef, qui leur permet, à lui et Betsy, de vivre confortablement avec leur petite Elfreda.

"Rod m'avait pourtant prévenu : "Personne ne peut écrire ce genre de merde ad vitam aeternam. Rappelle-toi que c'est provisoire". Mais voilà, après 28 romans écrits à la chaîne selon trois ou quatre recettes (détaillées de façon hilarante), c'est la panne (si l'on peut dire), la mécanique est enrayée, et, au lieu d'écrire le 29e roman en respectant la dead line imposée par son éditeur, Edwin se lâche progressivement, réessayant à de multiples reprises d'écrire son premier chapitre, alternant avec des réflexions sur sa vie pathétique, sur la vie en général, sur l'échec de son mariage et sur sa médiocrité.

"Le 21 novembre est passé, donc définitivement passé et je n'ai pas écrit un mot de mon roman porno. Rien que ces insanités, rien que ce bavasseux fatras d'apitoiement sur moi-même. "

Drôle et spirituel comme toujours, mais non moins profond avec une réflexion sur l'écriture et l'angoisse insondable de la page blanche, Westlake plonge avec un plaisir non dissimulé ses personnages dans une histoire rocambolesque qui vire à la descente aux enfers.

"J'ai un problème avec la machine à écrire depuis quelque temps. Une espèce de syndrome névrotique."

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