Petite déception que ce Keigo Higashino, dernier édité, mais en réalité assez ancien (1998), et franchement différent de ses autres ouvrages, dont j'avais admiré la finition, le sens du détail, et cette coloration particulière du polar japonais (La maison où je suis mort autrefois, Le dévouement du suspect X, Un café maison). Et, s'il a beau être visionnaire - pour ne pas dire prophétique - on s'y ennuie quand même assez ferme.
La prophétie de l'abeille s'ouvre sur un scénario-catastrophe pas si fantaisiste que cela. Le jour de son vol inaugural, l'hélicoptère dernier cri des Forces de Défense japonaises est détourné par de mystérieux protagonistes, qui amènent l'engin à survoler une centrale nucléaire à surgénérateur. En dépit des nombreuses mesures de sécurité qui entourent ces structures, les malfaiteurs donnent rapidement des sueurs froides aux décideurs, en menaçant de faire s'écraser l'hélicoptère sur la centrale, si l'ensemble des réacteurs nucléaires du Japon n'est pas immédiatement mis à l'arrêt. Débute alors une angoissante course contre la montre pour retrouver les maîtres chanteurs et déjouer leurs funestes projets.
Le roman a un mérite, évoquer le péril nucléaire, ou au moins soulever l'inquiétude, dans le même mouvement que d'autres romans récents "environnementalistes" (on pense à Rufin par exemple), où, pour faire avancer leurs revendications, les militants de la cause n'hésitent pas à recourir à des méthodes terroristes. Ici, Higashino se concentre sur le cas bien précis du nucléaire, très ambigu, entre besoin vital pour un Japon énergétiquement très dépendant, et menace permanente d'apocalypse. Ce double aspect est bien évoqué au travers de l'attitude ambivalente de la population face au danger, entre panique irrationnelle, confiance aveugle et indifférence coupable - comme si la société civile était incapable de se saisir d'un débat pourtant indispensable. Evidemment prémonitoire, si l'on considère la catastrophe récente de Fukushima, dont on comprend bien mieux, rétrospectivement, certains ressorts - les retards et les défaillances de la prise en charge, par exemple.
Pourtant, le roman déçoit. Certes très documenté (trop), il présente un aspect assez technique, intéressant au départ, rébarbatif par la suite. Et puis, pour tout dire, c'est assez poussif. Dommage !
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