L'indien blanc, Craig Johnson - Bien loin du Wyoming


Un Craig Johnson, c'est incontestablement une valeur sûre, un petit plaisir que l'on se garde sous le coude, en réserve, pour un chouette moment de lecture. Et qui passe toujours trop vite. Cela se vérifie encore avec L'indien blanc, le troisième volet des aventures de Walt Longmire, l'un des shérifs du comté d'Absaroka, le moins peuplé des Etats-Unis.

Et ce d'autant plus qu'il est ici embarqué dans une enquête pas comme les autres. D'abord, parce qu'il est comme déraciné, bien loin du Wyoming et de ses solitudes désolées, puisqu'il a accompagné Henry Standing Bear pour quelques jours à Philadelphie ("Maintenant que j'étais sorti de mon éléments, il était possible que les processus déductifs auxquels je m'étais toujours fié fussent en train de m'égarer"). Ensuite, parce que, plus encore que d'habitude, il est ici personnellement touché par l'agression de sa fille Cady, plongée dans le coma après avoir été poussée violemment dans un escalier. Très vite, les soupçons s'orientent vers son petit ami, Devon Conliffe, un avocat véreux et antipathique. Mais sa mort révèle un réseau bien plus complexe.

En conséquence, l'instinctif Walt Longmire doute énormément et se retrouve décidément bien attachant. On retrouve avec plaisir toute la clique, même à distance (Ruby ne peut s'empêcher de lire ses Post-It au téléphone), ou sur place, avec le chien, Henry et l'inimitable Vic ("Je viens de la 9e rue, espèce de sous-merde, et t'avise pas de l'oublier !") qui révèle une nouvelle face de sa personnalité avec sa famille, une vraie smalla - et le moins qu'on puisse dire, c'est que dans la famille, on a du tempérament ("Les femmes Moretti souriaient comme si elles allaient vous manger et que vous alliez aimer ça" ).

Mieux écrit, plus dense, plus intime et plus sombre : pour moi incontestablement le meilleur de Craig Johnson, qui m'avait déjà largement conquise avec Little Bird et Le camp des morts.

"Peut-être sommes-nous comme toutes ces voitures délabrées, ces outils cassés, ces vêtements usés, ces disques rayés et ces livres cornés. Peut-être que la mort n'existe pas, peut-être que la vie nous use à force d'amour, c'est tout."

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