"J'aimais beaucoup les wombats, avant. A première vue, ces aimables créatures ressemblent à des oursons, se baladent tranquillement la nuit, et mastiquent innocemment des racines. La vérité est tout autre."
Les circonstances et la concentration du moment étant ce qu'elles sont, j'ai, ces jours-ci, prudemment opté pour les nouvelles. Je ne suis pas très branchée nouvelles, encore moins nature writing, et encore moins bestioles en tout genre. Mais, évidemment, il y a le titre. Et surtout, l'humour décapant de Kenneth Cook, qui font de ces histoires du bush australien une petite friandise.
"Je n'eus pas le temps de me décider. Le wombat s'approcha de moi en poussant un grognement meurtrier, avec la ferme intention d'anéantir tous les mythes sur le caractère inoffensif et herbivore des wombats." La première nouvelle, description d'un échec patent à capturer un mignon wombat, de nuit, dans un cimetière chinois hanté, donne le ton d'une confrontation délirante de l'auteur avec la faune sauvage, tour à tour agressive, récalcitrante - quand Kenneth Cook et son léger surpoids n'aspirent qu'au confort et à la tranquillité ("pour tout dire, je suis un gros lard chronique"). On apprend avec délice comment échapper à un wombat furieux, que faire pour soigner un quokka intoxiqué au gorgonzola ou éviter un kangourou suicidaire. Sans oublier la révélation du potentiel de destruction insoupçonné des koalas en contexte guerrier, l'odeur pestilentielle des kangourous, ou l'intensité redoutable que peuvent revêtir la colère d'un requin ou d'un crocodile géant.
Talent de conteur, goût pour l'insolite, sens très sûr de l'anecdote (et de l'exagération), et profond humanisme, se marient en effet à un humour détonnant, capable de transformer n'importe quel épisode en aventure hilarante, qu'il s'agisse de défis lancés dans les bars glauques de l'outback, ou de rencontres animalières qui tournent systématiquement mal en dépit d'une bonne volonté initiale. Sans compter que le bush n'est pas en reste de spécimens humains, tant ces contrées reculées pullulent de fous furieux de toutes sortes.
En bref, une bonne bolée de légèreté et de bonne humeur, un appel à prendre la vie du bon côté. D'autant qu'on peut prolonger le plaisir avec L'ivresse du kangourou ou Le koala tueur, dans la même veine : pourquoi se priver de ce petit régal ?
"Je pris immédiatement mes distances avec le vil reptile archaïque, car, bien qu ces lézards aient la réputation d'être inoffensifs, j'ai déjà eu l'occasion de constater que, en ce qui me concerne, les représentants les plus honorables de la faune australienne peuvent être à l'origine des plus graves ennuis."
Sans oublier l'autre versant de l’œuvre de Cook, des romans, bien noirs, comme à coups redoublés ou Cinq matins de trop.
Sans oublier l'autre versant de l’œuvre de Cook, des romans, bien noirs, comme à coups redoublés ou Cinq matins de trop.
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