C'est peu dire qu'on trépignait après avoir lu La tristesse du samouraï, qui détonnait carrément dans le paysage de la littérature policière contemporaine.
Eduardo, portraitiste reconnu, est dévasté depuis la mort de sa femme et de sa fille, dans un accident qui lui a coûté son genou. Il est contacté par Gloria Tagger, célébrissime et talentueuse violoniste, pour une commande bien particulière : elle lui demande de peindre Arthur, le responsable de l'acident qui a tué son fils. Sur cette trame viennent se greffer d'autres intrigues, secondaires, subtilement entrelacées avec la première, puisqu'avec Del Arbol, il n'y a jamais de hasard, qu'il s'agisse de l'OAS, des ateliers chinois clandestins dans Madrid, ou des petites mains de Pinochet.
Victor del Arbol paraît, à première vue, confirmer son talent avec La maison des chagrins, son deuxième roman traduit en français. Dans une logique haletante, il propose une intéressante construction en miroirs qui laisse peu de répit à un lecteur à la fois fasciné et horrifié, tout en manipulant à loisir ses thématiques fétiches - la vengeance, la culpabilité, le pardon, l'enfance dévoyée ou volée.
Et pourtant, La maison des chagrins ne séduit pas autant. Comme si la mécanique Del Arbol tournait un peu à vide. "J'ai l'impression que cette histoire est comme le sparte noué en tresse. Plus on l'arrose, plus il durcit et s'enroule sur lui-même". Et c'est bien le problème, puisque Del Arbol multiplie ad nauseam les coïncidences, les victimes et les suspects dans un scénario toujours plus glauque et émaillé de violence gratuite.
Reste qu'il manipule gentiment son lecteur en emboîtant les pièces du puzzle avec une perfection qui confine à la maniaquerie. De quiproquos en trahisons, dans le vertige d'un suspense extrêmement maîtrisé, une chose est certaine : on ne s'ennuie pas !
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