« Ce fut à cette époque qu’un petit groupe se réunit dans le plus grand
secret pour prendre en main l’avenir des Boers. Ces hommes étaient prêts à
défendre leurs droits inaliénables par n’importe quel moyen. A leurs propres yeux,
ils obéissaient à une injonction divine. Ils ne se soumettraient jamais. Et ils
ne choisiraient pas l’issue du sergent Stratton. La décision fut prise :
ils allaient déclencher une guerre qui ne pourrait se terminer que d’une seule
manière. Dans un bain de sang dévastateur. »
Une double enquête entre Afrique du Sud
et Scanie, et un dernier tiers en forme de thriller : c’est le cocktail
quasi-parfait d’un des meilleurs Henning Mankell : La lionne blanche.
Tout commence avec la découverte, dans
la juridiction de Wallander, au sud de la Suède profonde, du corps sans vie d’une
méthodiste sans histoire. L’enquête patauge, jusqu’à ce qu’on comprenne que
cette femme a été tuée presque par hasard, après s’être égarée au mauvais
endroit au mauvais moment. Son exécution semble en fait destinée à protéger un
complot, qui se prépare là dans le plus grand secret. Très personnellement
touché par cette histoire qui se joue à des milliers de kilomètres de la
Scndinavie, Wallander se dévoile avec sa morale bien à lui, qui ne s’encombre
pas toujours de déontologie professionnelle, surtout quand sa famille est en
jeu.
« La
sensation d’une menace diffuse, capable de se muer d’un instant à l’autre en
violence incontrôlable … C’était cela, la vie quotidienne dans son pays. Tout
le monde attendait que quelque chose se passe. Le fauve était en eux. Les Noirs,
avec leur impatience devant la lenteur des changements, les Blancs avec leur
crainte de perdre leurs privilèges, leur peur de l’avenir. Comme une attente au
bord d’un fleuve où une lionne les contemplait ».
Entre sédition et suspense haletant, La lionne blanche (titre superbe en
référence à l’un des chapitres du livre) restitue la complexité et les fragiles
équilibres de la transition post-apartheid sur fond de rivalité anglo-boer. Mankell
est un excellent connaisseur de l’Afrique du sud, c’est dit, et parvient à
tresser deux intrigues invraisemblables de vraisemblance et d’efficacité.
« Que
pensions-nous donc ? Que notre rêve d’un monde immuable correspondait à la
réalité ? Que les petites concessions faites aux Noirs suffiraient ?
Les petites concessions qui, au fond, ne changeaient rien ? »
Commentaires
Enregistrer un commentaire
Réagissez !