Le signal, Ron Carlson


"Il était aussi loin qu'on pouvait l'être dans ce pays, et il avait la sensation primitive et rare d'être la première personne à marcher ici et, quelques minutes plus tard, à marcher là. Depuis le début des temps."

Si je vous disais qu'on ne lâche pas ce récit de randonnée une fois qu'on l'a entre les mains, le croiriez-vous ? C'est pourtant le tour de force que réussit Ron Carlson avec Le signal.

"Oh septembre, mois de beauté. Dévoile-moi tes secrets." Un goût d'arrière-saison, de regrets et de mélancolie. Pour Mack et Vonnie, mariés depuis dix ans, ce tour de pêche annuel à la montagne est le dernier. Vonnie a quitté Mack pour un mensonge de trop, mais accepte de faire avec lui cette ultime virée. Pourtant, la nostalgie des dernières retrouvailles n'est pas la seule motivation de Mack, qui est aussi sur la piste d'un étrange signal, pour le compte d'intermédiaires plus que douteux ... et voici que l'aimable promenade tourne au thriller.

"Tu es comme un autobus rempli de fantômes".

Quoiqu'a priori bien peu adepte de nature writing, je me laisse peu à peu séduire par la ligne éditoriale de l'excellente maison Gallmeister (La sanction, ou encore le sublime Sukkwann Island que je ne recommande jamais assez). La nature, envoûtante et mystérieuse, dépasse le simple décor pour former un protagoniste à part entière, aux rythmes changeants, tour à tour protectrice et menaçante. Carlson, dans la droite lignée d'un David Vann, subjugue son lecteur par sa prose claire et efficace, sa construction narrative intelligente, son évocation sensible du couple finissant et des années de bonheur passé, ses portraits fins et nuancés, et signe un roman remarqué.

"Partout autour de lui, il voyait des rochers qui s'en fichaient, et s'en ficheraient pour toujours. C'était exaltant, Mack savait qu'il était en plein mélodrame. Le soleil ici n'avait pas d'âge et il était lui aussi indifférent. Mack sourit."

Commentaires

  1. Roman emprunt de nostalgie et de rêves brisés, écrit sur un rythme rapide, sans phrases inutiles et qu’on dévore, car bien entendu on se prend d’amitié pour ce Mark, bon bougre finalement et on lui souhaite bonne chance.

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  2. Bon bouquin ! Je l'ai beaucoup conseillé autour de moi, et il a plu à des gens vraiment différents.

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