Zulu, Caryl Férey

Après 13 heures et L'Odeur des pommes, ma plongée dans la littérature sud-africaine ou à propose d'Afrique du Sud confirme bien que Le Cap est une vraie porte d'entrée dans ces territoires. La carte du polar rappelle évidemment l'excellent Deon Meyer (voir A la trace, un thriller sacrément bien ficelé)... mais une comparaison peu flatteuse, car Caryl Férey déploie pour moi infiniment moins de talent.

Le cadavre d'une jeun femme blanche est retrouvé dans un parc . L'autopsie démontre qu'elle a succombé sous des coups extrêmement violents, après avoir absorbé une drogue inconnue au effets dévastateurs. L'enquête d'Ali Neuman lui fait remonter les filières du trafic clandestin, au sein du monde des shebeens (débits de boisson informels), des braai (barbecues), des townships et des tsotsis (gangsters), où le sida et la violence ne sont jamais loin.

La violence, justement , parlons-en. La trame de Zulu est ultra-violente, dans une surenchère gratuite et complaisante (voir, pour comparaison La Dette, un peu plus subtil quoique tout aussi sanglant) ; le style est horripilant (abus de phrases courtes, nominales et hachées) quand il n'est pas pédant (mais peut-être est-ce du second degré ?). On développe bien peu d'empathie pour les personnages, inhumains (Ali Neuman), improbables ou taillés à la serpe (exemple Brian Epkeen : "Brian Epkeen avait été beau mais c'était du passé. Il avait vu trop de sabotages, salopé trop de rendez-vous. Pas assez aimé, trop, mal, ou de travers. Quarante-trois ans qu'il allait en crabe, de dérives lointaines en diagonales quantiques, une fuite à ciel ouvert.").

Reste une idée de fond qui n'est pas si mauvaise, mais qui transparaît mal sou l'hémoglobine. Reste aussi un travail conséquent de recherche (même que Myriam Houssay est citée dans la bibliographie !), au travers duquel il n'est pas déplaisant de découvrir l'Afrique du Sud, et en particulier les luttes internes à l'opposition à l'apartheid (ANC versus Inkhata zoulou) que je ne connaissais pas. Encore qu'il y ait quelques relents de pédagogisme exacerbé façon mauvais Ken Follett. M'enfin, j'ai assez craché dans la soupe comme ça, je crois. Et puis, les descriptions urbaines ne manquent pas d'intérêt. Voir par exemple les Cape Flats : "L'axe principal qui traversait le township de Khayelitsha partait de Mandalay Station et traversait les Cape Flats, plaine sableuse balayée par les vents violents où cohabitaient des immeubles dégradés, des "boîtes d'allumettes" et des cabanes bricolées, à peine visibles depuis l'autoroute. C'est sur cette zone grise que les squatteurs s'étaient établis, un camp qui ne cessait de grossir et où la police mettait rarement les pieds : panneaux de bois, fils de fer, piquets, tôle ondulée, panneaux publicitaires, vieux journaux, on échafaudait des cabanes avec les moyens du bord, fétus qui s'envolaient aux premiers avis de tempête."

Bref. Je n'ai guère accroché. Je me sens en total décalage avec des critiques plutôt élogieuses (voir par exemple celle de Télérama) ; cela me fait un peu le même effet que pour La vérité sur l'Affaire Harry Québert ... J'ai meilleur espoir concernant Jours d'enfance (Michiel Heyns) dont j'entame la lecture.

Commentaires