"Les choses peuvent toujours aller plus mal, me dis-je. L'Espagne a besoin de moi. L'Espagne et moi sommes dans la merde."
Et vient le jour où Je reste roi d'Espagne est enfin disponible à la BMVR. Et où le le livre est VRAIMENT rangé à sa place. Bref, le jour où tu peux l'emprunter. Et par conséquent le lire. Et c'est comme se délecter d'un plaisir coupable.
"Avant d'arriver au coin de la rue, je me dis que j'ai monté cette représentation pour eux, pour qu'ils croient que je vais bien et qu'ils arrêtent de s'apitoyer sur moi. Pour qu'ils croient que je suis celui de toujours. Mais à l'intérieur je me sens celui de jamais."
José Maria alias Txema, l'ex-flic reconverti en privé de grand luxe, ne va décidément pas bien. Il passe dans son bureau en plaqué or des fins de soirée pathétique à mourir une unique fourmi salvatrice. Il pleure sans relâche sa fiancée Claudia, remâchant sans fin sa culpabilité poisseuse. C'est alors que le quotidien s'anime, avec l'arrivée d'un curieux énergumène qui prétend vouloir l'engager :
"Je crois que je fronce les sourcils. La voix de Zuruaga m'agace, l'expression de Zuruaga m'agace, l'impression que la tête de Zuruaga me dit quelque chose m'agace. Je me flatte de ne jamais oublier la tête de quelqu'un. Je me suis entraîné des années pour ça."
Et le moins qu'on puisse dire, c'est que Txema a le nez creux, car cette affaire ne sent pas bon. Mais alors pas bon du tout. Le voilà bientôt embarqué dans un road movie halluciné en compagnie de Juan Carlos himself, à la poursuite d'un mystérieux petit garçon, et poursuivi par d'odieux sbires qui le terrifient. Bref, le grand n'importe quoi qu'on apprécie chez Salem.
La galerie de personnages convoqués est inoubliable de drôlerie et d'humanité, comme dans Aller simple ou Nager sans se mouiller, entre un musicien médiocre à la poursuite de sa mélodie perdue, Soldati et Rincon (qu'on jubile de retrouver), Nemo le petit génie de l'informatique à la sulfureuse maman, l'hyperséduisante Olivia / Alicia, sans oublier Rosita la brebis (tiens, tiens, une brebis de compagnie ... comme dans la Princesse Printemps). Et des répliques aussi mémorables que : "Mais putain ! On nous cherche pour nous tuer et vous me donnez des recettes de tisane pour la prostate !" (au hasard parmi de nombreuses autres au sein des dialogues chiadés). Et toujours les références en pagaille (ici, Taibo est nettement privilégié, ce qui n'exclut pas une apparition de Montalbano).
Peut-être un peu plus mélancolique que déjanté, Je reste roi d'Espagne ne tient pour autant pas toutes ses promesses, et laisse en bouche un petit goût doux-amer. Comme un esprit de répétition (non, cette quête au centre de l'Espagne ne vous rappelle pas cette autre quête au sein du Rif marocain) voire peut-être une forme de lassitude devant les gesticulations souvent grotesque des comparses imaginés par Salem. Mais même si Je reste roi d'Espagne n'offre pas un grand renouvellement, il n'en demeure pas moins qu'on rit beaucoup, qu'on verse presque une larme de temps à autre, et qu'on a toujours plaisir à goûter aux délices d'un roman qui joue avec un évident plaisir à manipuler les codes du genre (la trahison, l'amitié, la rédemption du héros solitaire).
Et vient le jour où Je reste roi d'Espagne est enfin disponible à la BMVR. Et où le le livre est VRAIMENT rangé à sa place. Bref, le jour où tu peux l'emprunter. Et par conséquent le lire. Et c'est comme se délecter d'un plaisir coupable.
"Avant d'arriver au coin de la rue, je me dis que j'ai monté cette représentation pour eux, pour qu'ils croient que je vais bien et qu'ils arrêtent de s'apitoyer sur moi. Pour qu'ils croient que je suis celui de toujours. Mais à l'intérieur je me sens celui de jamais."
José Maria alias Txema, l'ex-flic reconverti en privé de grand luxe, ne va décidément pas bien. Il passe dans son bureau en plaqué or des fins de soirée pathétique à mourir une unique fourmi salvatrice. Il pleure sans relâche sa fiancée Claudia, remâchant sans fin sa culpabilité poisseuse. C'est alors que le quotidien s'anime, avec l'arrivée d'un curieux énergumène qui prétend vouloir l'engager :
"Je crois que je fronce les sourcils. La voix de Zuruaga m'agace, l'expression de Zuruaga m'agace, l'impression que la tête de Zuruaga me dit quelque chose m'agace. Je me flatte de ne jamais oublier la tête de quelqu'un. Je me suis entraîné des années pour ça."
Et le moins qu'on puisse dire, c'est que Txema a le nez creux, car cette affaire ne sent pas bon. Mais alors pas bon du tout. Le voilà bientôt embarqué dans un road movie halluciné en compagnie de Juan Carlos himself, à la poursuite d'un mystérieux petit garçon, et poursuivi par d'odieux sbires qui le terrifient. Bref, le grand n'importe quoi qu'on apprécie chez Salem.
La galerie de personnages convoqués est inoubliable de drôlerie et d'humanité, comme dans Aller simple ou Nager sans se mouiller, entre un musicien médiocre à la poursuite de sa mélodie perdue, Soldati et Rincon (qu'on jubile de retrouver), Nemo le petit génie de l'informatique à la sulfureuse maman, l'hyperséduisante Olivia / Alicia, sans oublier Rosita la brebis (tiens, tiens, une brebis de compagnie ... comme dans la Princesse Printemps). Et des répliques aussi mémorables que : "Mais putain ! On nous cherche pour nous tuer et vous me donnez des recettes de tisane pour la prostate !" (au hasard parmi de nombreuses autres au sein des dialogues chiadés). Et toujours les références en pagaille (ici, Taibo est nettement privilégié, ce qui n'exclut pas une apparition de Montalbano).
Peut-être un peu plus mélancolique que déjanté, Je reste roi d'Espagne ne tient pour autant pas toutes ses promesses, et laisse en bouche un petit goût doux-amer. Comme un esprit de répétition (non, cette quête au centre de l'Espagne ne vous rappelle pas cette autre quête au sein du Rif marocain) voire peut-être une forme de lassitude devant les gesticulations souvent grotesque des comparses imaginés par Salem. Mais même si Je reste roi d'Espagne n'offre pas un grand renouvellement, il n'en demeure pas moins qu'on rit beaucoup, qu'on verse presque une larme de temps à autre, et qu'on a toujours plaisir à goûter aux délices d'un roman qui joue avec un évident plaisir à manipuler les codes du genre (la trahison, l'amitié, la rédemption du héros solitaire).
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