Rebecca, Daphné du Maurier


"Le démon ne nous tourmente plus. Certes, nous ne sommes pas sortis de la crise sans dommage ; et je puis dire qu nous avons payé notre libération".

Au départ, tout cela a l'air d'un gentil conte de fées. La narratrice, orpheline au physique banal, dame de compagnie de Mrs. Van Hopper, une riche Américaine séjournant à Monte Carlo, rencontre Maxim de Winter, veuf inconsolable, dont elle s'éprend. Au moment de son départ, voici qu'il la demande en mariage.

"La phrase que j'avais entendue pour la première fois des lèvres de Béatrice et qui ne cessait de me hanter depuis, une phrase que je lisais dans tous les yeux, sur toutes les bouches "Comme elle est différente de Rebecca !"

Après un voyage de noces en Europe, le couple rejoint la somptueuse propriété de Manderley. La narratrice, une très jeune femme réservée et inexpérimentée, a le sentiment très vif d'avir endossé des vêtements trop grands pour elle, et ne se sent pas à la hauteur exigée par la gestion d'une telle demeure, et accumule les maladresses. Mrs Danvers, une gouvernante glaciale, se charge bien de le lui faire sentir. Jusque dans la décoration la jeune femme se heurte au fantôme de plus en plus envahissant de Rebecca, la flamboyante première madame de Winter, disparue noyée, à qui elle est constamment comparée par les connaissances, les voisins et les domestiques. Maxim paraît s'éloigner de plus en plus, laissant planer le secret de la disparition de Rebecca, dans un univers oppressant de paranoïa croissante aux marges de la folie ... et l'ombre inquiétante de Rebecca ne cesse de prendre de l'ampleur.

"Peut-être que je la hantais ainsi qu'elle me hantait ; elle regardait du haut de la galerie, comme avait dit Mrs. Danvers, elle était assise à côté de moi quand je faisais mon courrier à son bureau. Cet imperméable que j'avais porté, ce mouchoir dont je m'étais servie, ils étaient à elle. Peut-être m'avait-elle vue les prendre, Jasper avait été son chien et courait maintenant sur mes talons. Les roses étaient à elle et je les cueillais. M'en voulait-elle et me craignait-elle, comme je lui en voulais ?"

Moi qui rechignais à lire ce que je croyais n'être qu'une vague histoire de fantômes (d'ailleurs ce n'est pas le cas, du moins pas au sens propre), me voilà forcée de constater la force de séduction d'un roman à mi-chemin entre roman d'amour, thriller et roman d'apprentissage, avec une forte coloration Brontë, ce qui n'est pas pour me déplaire. Dévoré en trois jours, un magnétisme certain, et aussi une forme de charme un peu désuet. Chouette découverte d'un grand classique de la littérature britannique, toujours dans le cadre du défi God save the livre.

"Il est parti pour toujours ce drôle d'air jeune et vague que j'aimais. Il ne reviendra jamais. J'ai tué cela aussi, en te parlant de Rebecca ... Il est parti en vingt-quatre heures. Tu es tellement plus mûre."

Commentaires

  1. Bonjour,
    C'est avec plaisir que je découvre ce blog ! plein d'idées de lectures qui me tentent .... Et d'abord, ce billet sur Rébecca, une de mes lectures (et relectures) préférées, cela me donnerait presque envie de le ressortir à nouveau de mes étagères !
    Merci ! A bientôt !

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  2. Merci, ça me touche beaucoup ! J'aime bien ton blog aussi, il est rigolo et puis d'abord il met de bonne humeur. A bientôt !

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