Allmen et les libellules, Martin Suter

Week-end riche en lectures présentes et à venir, puisque j'ai à nouveau (c'est saisonnier) dévalisé la fantastique caverne d'Ali Baba du Bleuet de Banon : Empereurs des ténèbres, Une rose dans le cœur, Le cimetière de pianos, Wando Passo, La couleur pourpre, Dans ses yeux, Quatre soldats, Les soeurs Materassi, et La colline aux gentianes garnissent désormais des étagères déraisonnablement chargées. Et dont j'apprends qu'elles vont continuer à se charger, puisque j'apprends que j'ai été sélectionnée pour faire partie du jury du prix France O ! (voir le programme des réjouissances par ici).

Pour l'heure, voici donc un billet sur Allmen et les libellules, le premier d'une nouvelle série (qui se poursuit avec Allmen et le diamant rose) ébauchée par l'étrange autant que suisse Martin Suter.

"Dormir lorsque le reste du pays s'adonnait à une activité utile lui procurait, même après toutes ces années, un plaisir qu'il n'avait pour le reste ressenti qu'en séchant les cours. Il appelait ça "sécher la vie"". Allmen, un dandy au départ plutôt antipathique, mène la belle vie, c'est sûr. Subvenant à ses besoins grâce au copieux héritage paternel, il fréquente les palaces du monde entier et faut couper ses vêtements sur mesure par son tailleur italien, ou anglais selon l'humeur.

Mais de menus détails révèlent progressivement que la splendeur passée n'est plus, et qu'Allmen vit en parasite chez son inénarrable jardinier Carlos. "Le plus souvent, Allmen parvenait à fermer les yeux sur les faits désagréables jusqu'à ce qu'ils disparaissent de sa conscience. Pas pour toujours, mais assez longtemps pour lui permettre de la meubler avec des faits agréables. Cette fois, il n'y parvint pas. Il devait utiliser la deuxième méthode dans l'ordre hiérarchique : garder l’œil ouvert et rester actif." Il a déjà tout vendu ou presque, et poursuivi par ses créanciers, signe ses notes au restaurant et au café, mais pas question de renoncer à son mode de vie, et l'équation devient insoluble. C'est alors qu'il fait la connaissance de Joëlle, une richissime héritière chez qui il dérobe une coupe de Gallé d'un montant inestimable ...

Enlevé, rafraîchissant, et pour tout dire assez drôle, Martin Suter trouve ici à se renouveler. Sans être LE livre de l'année, vaut le détour, bien qu'il présente les inconvénients de ce genre d'ouvrage destiné à ouvrir une série (et qui se présente un peu comme une longue exposition).

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