Nager sans se mouiller, Carlos Salem


Du même auteur et du même bois qu'Aller simple, Nager sans se mouiller est un polar déjanté et franchement divertissant - un peu de fraîcheur dans ce monde de brutes, que diable.

"Ce ne sont pas les vacances que j'attendais. Elles ne le sont jamais".

Juanito Perez Perez est un homme tout ce qu'il y a de plus banal et terne, "un homme approchant de la quarantaine, moustache anachronique et cheveux plaqués pour cacher une éventuelle calvitie. Un homme un peu voûté, comme s'il attendait le prochain coup ou se remettait du dernier", bref, un nouveau looser. Mais il est aussi Numéro Trois, un tueur à gages redoutable d'efficacité, comme le révèle un premier chapitre très cinématographique qui fait démarrer le roman sur les chapeaux de roue.

Mais les vacances sont les vacances, et Juanito/Numéro Trois emmène pour la première fois ses enfants depuis son divorce récent d'avec la piquante Leticia. Ce n'est pourtant pas ce qu'a décidé "l'Entreprise", le mystérieux employeur du Numéro Trois, qui lui réserve un emplacement dans un camping naturiste de Murcie, où il tombe nez à nez avec son ex, son ami d'enfance infirme par sa faute, son idole de toujours, le juge Beltran, un inspecteur retors et une superbe animatrice. Numéro Trois est décontenancé, et doit découvrir quelle est la cible à abattre ... mais cela fait tout de même beaucoup de coïncidences, "trop de coïncidences". Or, comme le lui a enseigné le vieux Numéro Trois, son mentor, "méfie-toi des coïncidences et des putes à petits seins".

Avec son ton qui rappelle résolument les excellents Swierczynski (The Blonde, A toute allure) - mais en plus latin ! - et qui évoque La Sanction, Nager sans se mouiller décoiffe, surprend, et séduit.

Manipulant à pleines mains et avec un joyeux entrain tous les codes du genre, plein de grandes sentences et de troisième - quatrième degré, avec des pelletées d'humour, une sérieuse dose de délire maîtrisé, et une bonne dose d'auto-dérision : un cocktail détonnant pour un auteur extravagant ... et sérieusement à suivre !

"Toi, tu aimes nager mais pas de mouiller, me disait toujours le vieux numéro Trois. Tant que ça fonctionne, mon gars, il n'y a pas de problème. Le problème c'est qu'un jour ça risque de ne plus marcher, et il faudra t'assumer, te demander qui tu es. Personne n'y échappe. Pour l'instant tu joues le père de famille timide, tu te laisses emmerder par ta femme, mais tu sais qui tu es ... même si tu ne veux pas le savoir. Parce que les balles, elles, le savent."

Commentaires

  1. http://louloualu-blog4ever-com.blog4ever.com/16 juin 2012 à 15:55

    je viens de terminer la lecture de ce livre de Carlos Salem: j'ai adoré !
    par contre, tu conseilles dans le même genre "le coeur glacé" d'Almudena Grandes et celui-là ne m'a pas du tout accroché...
    il en faut pour tout le monde ?
    bonne lecture

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  2. Contente que ça t'ait plu ! En fait les deux bouquins que tu mentionnes ne relèvent effectivement pas du tout du même genre, la génération automatique doit dysfonctionner !

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  3. J'ai adoré! Je vais vite en lire un autre du même auteur. 1er livre que je prends plaisir à lire depuis des mois...

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  4. Je vous l'ai dit : c'est un petit bijou de drôlerie !

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