Ravage, René Barjavel


Je voulais depuis longtemps lire Ravage, qui a été à l'origine du développement de la science-fiction au sein de la littérature française. Au final ... bilan plutôt mitigé.

"Parfois le vent tombait, et la chaleur de l'enfer traversait la Seine. D'un seul coup elle touchait au visage toute la foule qui reflétait cent mille fois, sur ses joues suantes, la danse du feu. La foule criait et se contractait vers la nuit, poursuivie par l'odeur incandescente. Tout ce que ce peuple connaissait, ce qu'il aimait, ce qu'il touchait, ce qu'il mangeait, chair, étoffes, bois, murs, la terre, l'air, tout, transformé en flamme, en lumière, était dans cette odeur. Une odeur dont nul ne pourra se souvenir, car rien ne la rappelle, mais que personne n'oubliera, car elle a brûlé les narines, séché les poumons. C'est une odeur de monde qui naît ou qui meurt, une odeur d'étoile."

Milieu 21e siècle. La société française, hyper urbanisée, ne peut plus se passer de l'électronique à partir duquel fonctionne l'ensemble des activités humaines, production alimentaire, transport et culture compris. Mais là, catastrophe, à la suite d'une attaque - surprise, l'électricité disparaît totalement ... et ne revient plus. C'est alors la plongée dans la violence et le chaos, avec un degré de désorganisation qui va croissant. Face à l'anarchie et ses dangers, François, un jeune provincial "monté" à Paris, rassemble une petite bande qu'il va essayer de conduire, sous sa houlette, jusqu'à son village d'origine, en affrontant la faim, la soif, les pillards, les chauve-souris et la distance.

Tout d'abord c'est un roman assez vintage, pour ne pas dire daté, ce qui a un certain charme. Bon, d'accord, admettons. Du point de vue de l'écriture, Barjavel a quand même fait mieux, même le dénuement voulu de la prose sert la brutalité du récit. Cela dit, la description du basculement dans la fin du monde où règnent la violence et la loi plus fort est très réussie, presque aussi bien que celle de l'(excellent) Aveuglement de Saramago. Pour autant, le propos sur le fond, avec ses accents anti-modernistes, m'a plutôt déçue ...

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