Le chagrin, Lionel Duroy

"Tant d'années après, et sachant combien notre frère est particulier, étant le seul, toujours, à repérer un détail insolite dans une scène absolument banale, je ne peux m'empêcher de voir dans son geste une sorte d'avertissement. Arrêtons l'ascenseur, semble-t-il nous dire, pendant qu'il en est encore temps. Et descendons vite avant d'être tous précipités dans le vide".

Lionel Duroy remue les vieilles histoires enfouies de son enfance puis de sa jeunesse, dans un témoignage dont on ne peut qu'admirer la sincérité. Grandissant au sein d'une fratrie de dix enfants, le jeune William se construit difficilement entre une mère tyrannique, un père gentil escroc, des frères écrasants. L'histoire de son premier amour est passionnelle et destructrice tant il peine à surmonter les souffrances de son enfance.

Roman-fleuve (plus de 700 pages tout de même !), Le chagrin m'a laissé des sentiments contradictoires. Le style est alerte et enlevé, Lionel Duroy écrit et se lit facilement, de telle sorte que le roman n'écrase pas par sa longueur. La composition du roman, pas nécessairement chronologique, construite par petites touches, restitue les cheminements complexes de la mémoire, malheureusement un peu au détriment de la cohérence du récit.

Il y a des choses très justes, des détails ou des descriptions parfois époustouflants de vérité. Pour autant, certains passages traînent en longueur, et on a parfois du mal à se dépêtrer de tel ou tel évènement ; la deuxième partie est à mon sens plus captivante, moins anecdotique, plus profonde aussi, même si l'auto-justification devient par moments pesante. Un avis plutôt mitigé, donc.

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