Surprises de Noël, Andreï Kourkov


Kourkov continue de carburer à l'humour noir et au détachement ukrainien ... et j'aime toujours ça (même si ce sont des nouvelles). Rappelons que Kourkov est le génial auteur du cultissime Pingouin (et sa suite, Les Pingouins n'ont jamais froid) dont le héros rédige par anticipation des nécros de personnes encore vivantes et nourrit à base de poisson surgelé son attachant pingouin d'appartement, qu'il est prêt, dans le deuxième opus, à aller chercher en Tchétchénie où il est tombé entre les griffes de dangereux malfrats.

Ici, on est dans la nouvelle, et c'est (presque) tout aussi savoureux. Voyons plutôt.

Dans "Surprise de Noël", le narrateur est confronté à un bien curieux cadeau de Noël de la part de sa petite amie ; le voilà transporté au coeur d'une forêt magique quoique douteuse.

L'ambiance post-soviétique bat son plein. On croise toutes sortes de personnages louches, tels que le frère de Marina, qui "avait combattu en Afghanistan, puis, avec des potes, avait convoyé et protégé des conteneurs de cigarettes de contrebande acheminé depuis le port d'Odessa jusqu'à Kiev. Certes, il y avait déjà deux ans qu'il s'occupait d'un business parfaitement légal : organisateur de tourisme extrême" (page 11) ; les strip-teaseuses sont déguisées en Mère Noël coquines ; et les prisonniers peuvent, grâce à la bibliothèque carcérale, apprendre dans les livres Comment devenir millionnaire - mais ils peuvent aussi y cultiver des champignons ; les personnages ne se départent jamais de leur humour mordant ; enfin, pour être un homme respectable, il faut être capable d'avouer des dettes colossales.

Bref, on ne s'ennuie pas une seule seconde avec ce petit recueil, dont la couverture annonce assez bien la couleur. Pourtant, j'avoue une préférence indéniable pour le Kourkov des romans ... alors, si ces Surprises de Noël peuvent constituer une introduction intéressante, jetez-vous au plus vite sur le désenchanté Caméléon, sur l'excellent Ami du défunt ou sur Le Dernier amour du président ou encore Le jardinier d'Otchakov !

Commentaires

  1. Kourkov, j'adore, c'est un des auteurs fétiches. Mais celui-là, je ne l'ai pas lu. Son humour noir dans l'Ukraine post soviétique est toujours tordant avec des situations totalement invraisemblables. J'avoue une préférence pour le dernier amour du président et le pingouin.

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  2. Normal, il vient tout juste de sortir ! 4 euros, c'est une petite gourmandise de Noël ! J'ai vu aussi que son dernier roman traduit en français (Laitier de nuit) sort en poche en janvier !

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