Mon traître, Sorj Chalandon


Irlande du Nord, fin des années 1970. Antoine, un luthier parisien, tombe amoureux de Belfast, au travers d'une belle histoire d'amitié avec Jim et Tyrone. On est au plus fort de la guerre civile, la violence est partout, la brutalité des Britanniques palpable.

Antoine, qui devient peu à peu Tony, multiplie ses voyages et devient presque un habitant de la ville. Il porte sa casquette, et sa bague de Claddagh. S'identifiant peu à peu à la lutte indépendantiste de ses amis, il en en vient à proposer son aide à l'IRA, dont ses deux amis sont des officiers importants. Mais il oublie, ce faisant, qu'il ne s'agit pas tout à fait de sa guerre.

2006 : Antoine apprend que Tyrone, l'un des leaders les plus charismatiques de l'IRA, son ami de trente ans et son père de substitution, trahissait le mouvement républicain depuis 25 ans. Antoine suit un difficile chemin pour tenter de faire coïncider les deux figures de Tyrone.

Sorj Chalandon est un grand reporter (à Libération), qui a notamment couvert de procès de Klaus Barbie, et qui a beaucoup travaillé en Irlande du Nord, terre à laquelle il paraît profondément attaché. Bien que j'ai eu dans la première trentaine de pages un peu de mal à entrer dans le ton du roman, il faut reconnaître que l'entreprise est séduisante. Entre la petite histoire et la grande, on comprend la complexité de la lutte irlandaise, entre violence, dignité, soumission et révolte. La relation des deux hommes, vue à deux périodes éloignées de plus de trente ans, est passionnante.

D'autant plus intéressant que l'on apprend, en cherchant un peu, que Sorj Chalandon y a transcrit son expérience personnelle. Derrière l'émotion de l'histoire des hommes, il y aussi le questionnement sur l'engagement et son sens. Chouette petit livre.

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