Journal d'un tueur sentimental, Luis Sepulveda

Encore des nouvelles lues dans le tram, décidément, c'est vraiment la bonne formule ! On a le temps de lire une nouvelle soit à l'aller, soit à l'échelle de la journée, avec l'aller et le retour, et en fait de compte, tout cela revalorise à mes yeux le genre de la nouvelle dont je n'étais pas, jusque là, particulièrement férue. Parfaite aussi la nouvelle, quand on attend chez le médecin, à la banque, à la gare etc. (j'ai testé). Et puis, si l'on doit interrompre la lecture, on n'est pas aussi frustré que lorsqu'il faut laisser en plan un gros roman. Dernier avantage : dans le sac, c'est généralement plus léger !


Mais revenons-en plutôt à Journal d'un tueur sentimental. Il s'agit en réalité d'un mini-recueil regroupant en fait trois nouvelles.

Journal d'un tueur sentimental. On y suit, à la première personne, le ... journal d'un tueur (à gages) sentimental. "La journée avait mal commencé. Ce n'est pas que je sois superstitieux mais je crois qu'il y a des jours comme ça où il vaut mieux ne pas accepter de contrat" (p. 9). En effet, tout s'enchaîne assez mal dans cette mission. Et pour ne rien arranger, sa copine est plus ou moins en train de le quitter. Le voilà donc qui oublie toutes les règles du métier. Il se met à se questionner sur le pourquoi du comment du contrat qui lui a été confié. Et malgré la pratique du "yoga de l'assassin", tout va de mal en pis ...

Hot line. Un contexte tout à fait différent. George Washington Caucaman, un Indien Mapuche (tout ceci se passe au Chili) inspecteur rural officiant dans les montagnes andines, est mutée, suite à une "bavure", à la capitale. En perte de repères, il est affecté à la section des crimes sexuels, où ne travaillent que des femmes. Il est lancé sur la piste d'une hot line d'un genre particulier, tout en étant poursuivi par ses vieux démons.

Yacaré. Un riche industriel milanais est assassiné. Sa compagnie d'assurances-vie détache sur place l'un de ses détectives. Avec le commissaire en charge de l'enquête, ils remontent la piste encore chaude des yacarés, des crocodiles amazoniens impliquant des sorciers indiens dans l'affaire (mais chut ! on ne peut pas en dire plus).

Mini-enquêtes enlevées et drôles, centrées sur des personnages au final attachant (même le tueur !) les nouvelles de Journal d'un tueur sentimental détournent avec succès les codes du roman noir. Derrière la joie et le plaisir évident de l'auteur, ces contes un peu cruels sont aussi - et surtout - prétexte à dénoncer les dysfonctionnements des sociétés sud-américaines.

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