Printemps au Prater, Stefan Zweig


Un des nombreux romans dévorés cet été dans le cadre de notre périple en Europe, où j'avais essayé de faire les choses convenablement en prenant quelques auteurs "du cru", où plus exactement des pays traversés. D'où ce choix de Zweig pour Vienne, un auteur que j'ai découvert il y a quelques années, et qui chaque fois me touche profondément et m'émeut.

Ici, il s'agit d'un Zweig un peu particulier. Tout d'abord, il ne s'agit pas d'un Zweig, mais de deux Zweig, puisque deux nouvelles - "Printemps au Prater" et "la scarlatine" se suivent. Elles ont en commun d'être deux oeuvres de jeunesse, Zweig les ayant écrites avant 30 ans ; on est donc assez loin du splendide "Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme" ou "La confusion des sentiments".

Et pourtant c'est une réussite. Certes, les deux nouvelles ne sont pas aussi abouties que celles qui vont suivre, mais elles portent déjà en germe les qualités de l'écriture de Zweig.

Mais de quoi s'agit-il ? De deux histoires viennoises.

Dans "Printemps au Prater", une demie-mondaine, Lizzie, feint, par ennui, par jeu ou lassée de l'hypocrisie de son monde, de retrouver un temps son innocence et sa sincérité en se laissant séduire par un étudiant un peu lourdaud. Ele finit par se poser la question d'un retour possible à sa vie de jeune fille des faubourgs.

Dans "la scarlatine", un jeune garçon, Berger, venu à Vienne pour ses études, ne trouvant pas sa place dans les sociétés estudiantines, déçue par la vie viennoise de laquelle il attendait tant, s'encanaille avec son voisin de palier, plus âgé mais qui le traite en enfant. Désoeuvré, il se prend de passion pour la fille de sa logeuse, une adolescente malade de la scarlatine qu'il s'est promis de veiller.

Le style de Zweig commence dans ces deux courts romans à s'épanouir : une grande attention pour les sentiments et les mouvements de l'âme, étudiés avec finesse et sans mièvrerie. Par leurs thèmes, les deux histoires se rapprochent ; il y est question d'innocence, de maturité, presque d'initiation au-delà de la part d'enfance que conservent les deux personnages principaux.

On sent très clairement l'évolution entre les deux textes, c'est d'ailleurs l'un des aspects les plus intéressants, avec un style plus précis, plus affirmé, dans "La scarlatine", contrastant avec un "Pintemps au Prater" touchant mais un peu moins "dégrossi", un peu plus "sentimental", ce qui fait de ce petit livre une bonne introduction à Zweig.

De plus, j'ai trouvé particulièrement agréable le fait de lire ce livre au Café central, une institution viennoise où boire et manger plein de choses malsaines telles que des chocolats viennois ou des Sachertorte ; c'est un lieu assez magique, qui restitue ou du moins laisse imaginer l'ambiance du Vienne d'alors, d'autant que Zweig a longtemps rêvé de fréquenter ce café avan d'y parvenir.

Commentaires

  1. Zweig c'est trop chouette !
    Je ne sais pas si vous avez lu "lettres d'une inconnue". C'est dans le même principe que "la confusion des sentiments' dans la logique de la description des sous entendus des sentiments. Une sorte de dissection des affections et un travail profond sur les consciences. Franchement c'est super.

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  2. Je suis bien d'accord avec vous, et j'aime beaucoup Zweig ... j'ai quasiment tout lu (à part Le Monde d'hier, qui est, paraît-il, très intéressant)

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