Voyage de noces, Patrick Modiano


Où les explorateurs de contrées lointaines passent de mode

Où une jeune fille se prélasse en maillot vert sur la plage de Juan-les-Pins

Où l’on a failli visiter le Musée des colonies

Où l’on rechercher Ingrid Teyrsen, 16 ans

Où il vaut mieux avoir été dévalisé quand on fait de l’autostop sur la Côte d’Azur


Comment en suis-je arrivée là ?

C’est ma manie habituelle … j’ai lu Dora Bruder, j’ai aimé et je vais donc dévaliser mon libraire de tous les Modiano possible. C’est Gracq qui estime que pour connaître vraiment un auteur, il faut avoir lu son œuvre entière dans l’ordre de l’écriture. Me voilà donc « dégommant » Modiano, sans respect de la chronologie toutefois (et en intercalant d’autres lectures pour respirer).

De quoi s’agit-il ?

Un homme quitte subitement sa femme et ses amis ; il se remémore son adolescence et la rencontre troublante d’un jeune couple qui n’a depuis cessé de le hanter.

La citation

« Il arrive qu’un soir, à cause du regard attentif de quelqu’un, on éprouve le besoin de lui transmettre, non pas son expérience, mais tout simplement quelques-uns de ces détails disparates, reliés par un fil invisible qui menace de se rompre et qu’on appelle le cours d’une vie » (p. 119)

Ce que j’en ai pensé :

C’est beau comme du Modiano : la fragilité des êtres et des vies, les pensées vagabondes, l’émotion d’un regard, l’humanité profonde, le monde vacillant … On retrouve tout ce qui fait le charme de l’écriture de Modiano : les espaces et les temps qui s’emboîtent, se brouillent mais se répondent, dessinant au final une impression de vertige, les jeunes filles qui disparaissent en pleine Occupation, le rapport complexe aux parents et particulièrement au père, les couvre-feu et les maisons vides, la périphérie de Paris, et bien sûr la mélancolie et la nostalgie. Le format me plaît beaucoup aussi, et ne supporterait d'ailleurs pas d'être plus long. J’ai l’impression que je vais retrouver cet auteur - auquel j’avais jusqu’ici curieusement échappé – avec de plus en plus de plaisir !

Paru en 1990. En poche : Folio, 158 p, 5.60 €

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