La mort n'oublie personne, Didier Daeninckx - le passé ne passe jamais

Les années 1960, et la guerre est si loin déjà. Mais le suicide d'un adolescent, poussé dans ses derniers retranchements par les moqueries continuelles de ses camarades de pensionnat, fait ressurgir les heures sombres des années 1940. En guise de justification à son geste, le jeune garçon a tracé ces quelques mots : "mon père n'est pas un assassin". L'enquête menée par un jeune journaliste dans les années 1980 questionne le parcours mystérieux de ce père, ancien ouvrier, résistant et déporté, accusé de plusieurs meurtres au moment de l'épuration en 1945.

La mort n'oublie personne fait partie de ces romans qui revisitent le passé trouble du régime de Vichy et de l'Occupation à partir de la période des années 1950-1960, où la France est encore marquée par un mythe résistentialiste, et dans le même temps est de plus en plus tournée vers de nouveaux enjeux tels que la guerre d'Algérie - comme le font aussi le très bon roman d'Hervé Le Corre, Après la guerre, ainsi que la Fureur de Chochana Boukhozba - et comme le faisait déjà, sur le vif, Jean-Louis Bory dans Mon village à l'heure allemande.

Avec l'un de ces thèmes de prédilection, Daeninckx brosse le portrait d'une société cruelle, et acceptant difficilement un passé dont certains pans sont bien peu glorieux. Il y développe toute une réflexion sur la justice, la vengeance, les représentations. Très beau roman, très fin et émouvant.

Commentaires