Le Cercle de Farthing, Jo Walton - polar dans une Angleterre uchronique

Le Cercle de Farthing prend le même point de départ que la plupart des uchronies post-seconde guerre mondiale : l'Allemagne a gagné la guerre (Le maître du haut château, Fatherland), souvent parce que l'Allemagne et l'Angleterre ont signé une paix séparée (La séparation), quoique dans certains cas elles s'affrontent (Résistance).

Dans l'Angleterre des années 1960, le Cercle de Farthing, rassemblant d'éminents personnages, riches et puissants. Ce groupe de pouvoir, très fermé, dans le plus pur style de l'aristocratie britannique, se réunit périodiquement au domaine d'Eversley. Marqués par le racisme triomphant d'Hitler, ils impulsent en Angleterre un antisémitisme de plus en plus fort. D'où la froideur avec laquelle est accueillie Lucy, la fille de Lord Eversley, qui a épousé, contre l'avis de sa famille, un Juif. Lors de la nuit, Sir James Thirkie, l'homme qui a négocié la paix avec l'Allemagne nazie, est assassiné. Tout, dans la mise en scène, semble indiquer une vengeance, et le mari de Lucy, bouc émissaire parfait, présent comme par hasard, est accusé du crime dans une enquête à charge et menée sous pression. Pourtant l'inspecteur Carmichael ne l'entend pas de cette oreille, et Lucy cherche à défendre son mari contre la vindicte généralisée.

Avec des emprunts évidents à l'univers d'Agatha Christie, Jo Walton propose une enquête pourtant peu convaincante, et ce n'est pas tant l'intrigue policière qui donne son intérêt au bouquin, que le charme surannée de la campagne anglaise, le mode de vie de la classe sociale dominante, corseté par des codes rigides derrière un flegme de façade, questionnant ainsi les évolutions européennes de l'entre-deux-guerres.

Original, mais pas sensationnel, avec un cadre uchronique finalement assez peu exploité. Peut-être faut-il tenter les deux autres tomes de la trilogie du subtil changement, Hamlet au paradis et Une demie-couronne ?


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