Solo, William Boyd - Quand l'Afrique authentique engloutit 007



En pleine crise de la quarantaine, James Bond se voit confier par le mythique M une mission bien délicate : mettre fin à la guerre civile qui déchire le Zanzarim, un pays du Golfe de Guinée aussi sécessionniste que pétrolifère, et qui ressemble à s'y méprendre au Nigéria. Mais cette aventure ne lui dit rien qui vaille, et de contacts douteux en pièges immondes, 007 a bien du fil à retordre. Dérogeant à toutes les règles de prudence qu'impose le métier, c'est alors qu'il décide de prendre le large, afin de mener en solitaire une vengeance seule capable d'effacer l'humiliation subie."Si on décidait de jouer en solo, autant le faire avec panache."

Aux prises avec des méchants plus sournois et cruels les uns que les autres, l'agent mythique déploie sans vergogne sa naïveté confondante, ses relents colonialistes (comment ne pas penser à Un Anglais sous les tropiques ?), et son machisme navrant, le tout enrobé de son inépuisable autosatisfaction.  Et sans se départir de son élégance légendaire, qu'il convient de garder en toutes circonstances, même (et surtout) au fin fond de la brousse : "Dans le sac zanzari, il mit trois chemises Aertex bleu marine à manches courtes, trois slips et trois paires de chaussettes, un panama roulé dans un tube en carton, ses pilules contre le paludisme et sa trousse de toilette en pécari".

Frais et diablement délassant, comme un cocktail frappé siroté à l'abri d'une véranda par un temps caniculaire, servi par un petit prodige de traduction, avec la touche adéquate de vocabulaire suranné. William Boyd reprend fièrement le flambeau, dans un style bien différent d'Ian Fleming, sans se défaire d'un humour parodique maîtrisé (un genre d'OSS 117 en plus subtil ... encore que !), allongé à la sauce de l'esprit british. On ne boude pas son plaisir, même si l'intrigue traîne un peu inutilement en longueur - on se délecte de cette petite gourmandise.

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