Temps glaciaires, Fred Vargas



Bouquiner le dernier Vargas, c'est comme retrouver avec délectation une paire de charentaises douillettes, c'est un plaisir de confort que l'on anticipe avec délices ... surtout quand il s'est fait autant désirer !

Et quel bonheur de retrouver le détachement d'Adamsberg, à la tête de son attachante brigade, qui compte toujours parmi ses rangs le mélancolique Danglard ou la monstrueuse Violette Retancourt, et l'indispensable ami d'enfance Veyrenc, suivant, entre mutinerie et confiance, les méthodes décidément décalées du commissaire.

"- Certains estiment qu'il règne ici quelque flottement, dit Adamsberg en buvant une gorgée au goulot. Cette bière, il n'en avait nulle envie.
- Et vous réussissez ?
- Pas trop mal. Grâce au flottement, je suppose."


Et Adamsberg est ici confronté à une véritable "pelote d'algues" qui ne se laisse pas facilement démêler. Voyez plutôt : "Un mort dans la vallée de Chevreuse. Interrogatoires, fils nerveux joli comme une fille, secrétaire doué d’une étrange mémoire, un haras, une brute pour le diriger, une femme logée dans une cabane forestière, un sanglier, l’auberge locale, la guillotine de Louis XVI, une tour maudite pleine de fientes de corvidés, le tout dans un endroit qu’on appelle « Le Creux » et qui n’est pas sur la carte". Et tout cela, avant que ne s'ajoute la mystérieuse piste islandaise, qui semble curieusement relier les victimes du tueur.

Enlevé, érudit, poétique, délassant, Temps glaciaires est tout cela à la fois. On y navigue dans les milieux robespierristes et les superstitions du grand Nord, on y revêt jabot et dentelles, on voyage dans le passé vieux de dix ans ou de deux siècles, on y croise un sanglier domestique, quatorze suspects, sept cents victimes potentielles, un drôle de signe, un afturganga, le tout selon un tempo parfait ... et on ne boude pas son plaisir !




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