Les proies, Thomas Cullinan



Au pensionnat Farnsworth, dirigé d'une main de fer par Martha qui terrorise même sa propre soeur, on élève les jeunes filles comme il faut. C'est que dans le Sud, on connaît les vraies valeurs à inculquer à de jeunes ladys, et ce n'est pas la Guerre de Sécession qui fait rage aux portes du domaine qui remettra ces principes en cause.

Lors d'une de ses innombrables sorties dans les bois, la jeune Amelia trouve un caporal de l'armée ennemie, blessé. Prise de pitié, elle le ramène au pensionnat. "Il avait l'air à moitié mort quand Amelia l'a ramené au pensionnat. Au premier regard, il ne me parut pas beaucoup plus grand qu'elle alors que c'est une fillette plutôt menue. Mais ensuite, quand nous avons commencé à le connaître, il nous a semblé un peu plus imposant."

Les directrice décident, après bien des hésitations, de le cacher pour le soigner. Seul homme dans un monde de femmes jeunes et moins jeunes, le Yankee noue relations perverses de domination avec chacune d'entre elles. Tour à tour méfiantes, curieuses, fascinées, cajoleuses, amoureuses, et bientôt terrifiées, les filles tombent sous l'emprise du soldat blessé qui maîtrise à la perfection son petit jeu de manipulation et de séduction. Mais la menace plane sur ce huis clos qui devient de plus en plus oppressant. Est-on bien sûr de savoir qui manipule qui ?

La tensions montante est étudiée avec finesse et a posteriori, dans un récit choral qui déploie la vaste gamme des sentiments et du jeu complexe des relations au sein d'une galerie fascinante de personnages féminins - l'esclave boudeuse, la directrice puritaine, la petite peste, la fillette des bois, la patriote, la séductrice, la distinguée ... sans se départir d'un humour cruel. Sensuel, haletant et violent : petit bijou de perversité.

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