Arrive un vagabond, Robert Goolrick



Brownsburg, petite localité tranquille de Virginie, juste après la guerre, devient le théâtre d'une violente passion, déclenchée par l'arrivée en ville d'un inconnu, Charlie Beale, excellent boucher, que tous prennent bientôt en affection.

"C'était la fin de l'après-midi, et la deuxième fois qu'il la voyait. Mais cela avait suffi. Quelque chose avait été prononcé. Le film avait démarré." Mais son destin explose en plein vol, dès lors que son regard croise celui de Sylvan, la superbe épouse de Boaty Glass, le vilain parvenu du village. Sylvan est une très jeune femme, presque encore une enfant, sortie de sa campagne de péquenaude, et enfermée dans ses rêves qui lui font reproduire tous les tics des stars hollywoodiennes.

Sur l'air de la tragédie annoncée, les deux solitaires se rencontrent, s'aiment, s'illuminent et se détruisent. Sur fond d'Amérique des années 1940, avec en arrière-plan la ségrégation, et la question de l'innocence perdue et de la rédemption, Arrive un vagabond avait, sur le papier, tout du mélo séduisant. De fait, il y a une temporalité, un mouvement lent et détaché, une fatalité. Mais les ingrédients pourraient être utilisés avec plus de brutalité et de force dévastatrice, et un peu moins de sentimentalisme par moments dégoulinant, sans compter que Goolrick a une manie de la formule péremptoire que je n'aime pas bien (voir la façon dont La vérité sur l'affaire Harry Québert avait hérissée). M'enfin, c'était dans mon Objectif Lune.



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