Les intrus de la Maison haute, Thomas Hardy

"- Elle n'est pas grande. Elle est plutôt petite, répondit-il.
- Ah ! dit sa mère avec satisfaction.
- Mais elle est très jolie - très. En fait, elle est adorable".

Dans "Le bras atrophié", Rhoda la belle laitière dans la fleur de l'âge est délaissée par Mr Lodge, le gros fermier de la région, qui vient d'épouser la délicieuse Gertrude, jeune, fraîche, gracieuse et aimée de tous pour sa générosité. Rhoda se sent d'autant plus humiliée qu'elle est la mère de l'enfant naturel de Mr Lodge. Dans un cauchemar, Rhoda se saisit du bras de sa rivale, lui arrachant un cri de douleur. Mais cette mauvaise action se traduit dans la réalité, puisque la jolie Gertrude commence à perdre progressivement l'usage de son bras, provoquant les remords de Rhoda, et perdant petit à petit l'affection de son mari.

Dans "Les intrus de la Maison Haute", c'est un autre gros fermier du Wessex, Darton, qui se rend en pleine nuit, en compagnie de son témoin, à la Maison Haute, où il doit épouser, dans quelques jours, Sally. Mais voilà que le frère de Sally fait irruption, ruiné, et contrarie les projets de sa soeur en la confrontant à Helena, qui partage incidemment un secret avec Darton.

Dans le même cadre champêtre du sud-ouest de l'Angleterre, Hardy met en scène des personnages simples et touchants dans leur désir d'être heureux, mais dont le sort semble se jouer comme des fétus de paille. Un rien vient bouleverser des existences ordonnées, et met à bas les espérances pourtant à leur portée. Coup du sort, destin capricieux, ruine de leurs vies. Peu convaincue au début de chaque nouvelle du fait d'un côté plan-plan voire simpliste, j'ai finalement été séduite par ces petits contes du Wessex.

Me voilà bien avancée dans le défi God save the livre, et bien décidée à m'attaquer enfin aux monuments de l’œuvre d'Hardy (Jude l'Obscur, Tess d'Uberville).