Mister Pip, Lloyd Jones

"M. Watts nous offrait en partage une portion du monde, où je pouvais me réfugier aussi souvent que j'en avais envie."

J'ai déniché Mister Pip sur Babelio après ma lecture de l'envoûtante Répétition, en tant qu’œuvre néo-zélandaise (ce qui, il faut bien l'avouer, ne court pas les rues ni les librairies).

Sur une île du Pacifique aux allures d'un univers de Véronique Ovaldé (voir Ce que je sais de Vera Candida), les enfants ne vont plus à l'école depuis bien longtemps. Jusqu'au jour où M. Watts s'improvise en maître d'école pas comme les autres. Mi-clown triste mi-sérieux, il manie comme personne l'arme de la littérature en embarquant ses petits élèves dans une relecture pas comme les autres des Grandes espérances de Charles Dickens.

"On ne l'avait jamais fait la lecture en anglais auparavant. Ni à moi, ni aux autres. Nous n'avions pas de livres chez nous, les seuls qui nous étaient passés entre les mains avant le blocus venaient de Port Moresby et étaient écrits en pidgin. Quand M. Watts se mit à lire, nous observâmes un profond silence. Le monde accueillait des sonorités nouvelles. Il lisait lentement, nous donnant à entendre la forme de chaque mot."

Dans cet espace littéraire à mille lieues de leur quotidien, les petits, et bientôt les adultes, trouvent un refuge à nulle autre pareil, initiés par le curieux M. Watts, et qui leur coûtera plus cher qu'ils ne l'imaginent.

"M. Watts nous offrait en partage une portion du monde, où je pouvais me réfugier aussi souvent que j'en avais envie."

Malgré des critiques élogieuses, Mister Pip m'a modérément conquise. Le ton naïf de l'enfance qui sonnait faux, le rythme un peu bancal ne m'ont guère appâtée. Pourtant Mister Pip n'est pas sans qualité, loin du compte. Après une amorce un peu longue, et au fur et à mesure des progrès de la narratrice Matilsa, se révèlent une poésie un peu magique et un récit plu profond qu'il 'y paraît de prime abord. Finalement pas si mal.

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