"Fahrenheit 451 : température à laquelle le papier s'enflamme et se consume"
Incroyable mais vrai, contrairement à une idée solidement établie, je n'avais pas encore lu Farenheit 451.
"Vous arrive-t-il de lire les livres que vous brûlez ?
Il éclata de rire. "C'est contre la loi !
- Ah oui, c'est vrai.
- C'est un chouette boulot. Le lundi, brûle Millay, le mercredi Whitemann, le vendredi Faulkner, réduis-les en cendres, et brûle les cendres. C'est notre slogan officiel".
Comme chacun le sait, dans un futur indéterminé, les pompiers ont changé de fonction. Le jour où ils servaient à éteindre les incendies est bien lointain et presque devenu mythique ; aujourd'hui, ils brûlent les livres, dont la lecture et la possession sont considérées comme subversives dans une société totalitaire où les individus sont abrutis par des loisirs qui rendent leur cerveau disponible.
C'est le cas de Mildred, la femme du personnage principal, coupée peu à peu du monde réel dont ses "coquillages" diffusant une musique sirupeuse et les murs de son salon transformés en écrans géants la coupent totalement. Montag, lui, est pompier, ce qui lui confère un certain prestige. Sa vie bien rangé ne lui pose pas de problème. Jusqu'au jour où il rencontre une voisine pas comme les autres, excentrique et marginale, qui l'amène à se questionner sur le pourquoi du comment.
Dès lors sa vie bascule ; il commence par dérober et cacher un livre, un geste qui le surprend lui-même et le conduira très loin, de transgression en transgression. "Mildred recula comme si elle était soudain confrontée à une armée de souris surgies du plancher. Il entendait son souffle précipité et ses yeux s'ouvraient démesurément dans un visage devenu livide. Elle répéta deux ou trois fois le nom de Montag. Puis, laissant échapper un gémissement, elle se précipita, saisit un livre, et courut vers l'incinérateur de la cuisine".
Un beau livre presque parabolique sur les livres et la lecture, la règle et la rébellion, l'ordre social et l'imagination. Qui nourrit aussi une réflexion sur la littérature et son rapport au réel : "les livres n'étaient qu'un des nombreux réceptacles destinés à conserver ce que nous avions peur d'oublier. Ils n'ont absolument rien de magique. Il n'y a de magie que dans ce qu'ils disent, dans la façon dont ils cousent les pièces et les morceaux de l'univers pour nous en faire un vêtement". La purification par le feu est hautement symbolique ("le feu est clair, le feu est propre") et rappelle, au-delà des autodafés nazis, les pires heures de la seconde guerre mondiale et l'élimination systématique et organisée de la différence.
C'est donc un bouquin un peu marqué par son temps (1953 !) et l'ambiance de l'après-guerre. Le côté post-apocalyptique (on vit en horde, on se retrouve le soir autour du feu) rappelle d'autres grands classiques comme Ravage ou Niourk. La science-fiction à l'ancienne, quoi, comme je l'aime, un poil vintage mais visionnaire et sans effets e manche. Bref, c'est bien. Et c'est un pas de pas plus dans mes bonnes résolutions de lecture 2012.
J'ai été assez déçu par ce roman. C'est vrai qu'il a vieilli, mais je l'ai également trouvé froid et ennuyeux. Du même auteur, les Chroniques martiennes n'ont en revanche pas pris une ride.
RépondreSupprimerFroid, c'est exactement cela. Cela tient en grande partie au personnage sur lequel la narration est centrée, dont le détachement a conduit à un engourdissement intellectuel. Et puis Bradbury a voulu faire une fable morale, genre dans lequel il n'excelle pas. Bien d'accord avec toi sur les Chroniques martiennes, que j'ai adoré !
RépondreSupprimerVieux souvenir de collège ravivé il y a peu de temps et je trouve que c'est une lecture toujours très plaisante et agréable!
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