Cet instant-là, Douglas Kennedy




Douglas Kennedy est-il surestimé ? C'est un peu ce que je pense à l'issue de la lecture de Cet instant-là, reçu dans le cadre de l'opération "Masse critique" de Babelio. J'attaque le morceau avec une certaine Vorfreude (pour reprendre un terme allemand découvert dans le roman, qui désigne l'anticipation de la joie), ou du moins avec bonne humeur et dans de relativement bonnes dispositions. Et pourtant ...
Thomas Nesbitt, écrivain de récits de voyage, sous le coup d'une procédure de divorce qui l'accable, reçoit soudain un paquet qui le replonge dans sa prime jeunesse. Il se remémore alors sa période berlinoise, à ses débuts, alors que son éditeur lui avait commandé un bouquin sur la ville divisée.

Dans l'avion, une Berlinoise lui raconte l'histoire de son passage in extremis à l'Ouest lors de la nuit de la construction du mur. Le cadre est posé : Berlin est "une espèce de boîte géographique" ; c'est une ville "peuplée de réfugiés", où Thomas Nesbitt fait son trou, lui qui a toujours voulu s'échapper. On apprendra par la suite, en passant par tous les clichés possibles, que, sans surprise, Berlin-Est est grise et triste, que les communistes sont d'affreux-vilains-méchants, et que la Stasi emploie des méthodes peu recommandables.

Dans les couloirs de la radio de propagande occidentale Radio Liberty, il rencontre la traductrice Petra Dussman, une "Ossie" ayant récemment rejoint l'ouest. C'est le coup de foudre, et, très rapidement, les tourtereaux filent l'amour parfait, envisagent le mariage et même la conception d'un enfant.

C'est compter sans le retournement de situation qui intervient, comme (très) souvent chez Douglas Kennedy, environ à la moitié du livre, dont la construction est, du coup, assez sommaire - quoique le récit à deux voix, par journaux intimes interposés, soit, lui, assez original.

Toutefois, l'histoire d'amour dans le fond assez guimauve (pour ne pas dire carrément gnocchi), avec des personnages manquant un peu d'épaisseur et de subtilité (surtout en sortant d'un opus de Joyce Carol Oates) aura eu raison de moi. Certes, l'homme est cultivé, et plutôt sympathique. Sans constituer cependant le génie littéraire absolu, évidemment. Et, du reste, on ne retrouve pas l'efficacité d'un L'homme qui voulait vivre sa vie ou l'humour d'un Piège nuptial.
Bref, quand Douglas Kenndey s'aventure à faire du roman d'espionnage ... on peut certainement trouver mieux (encore John Le Carré décline).

Commentaires

  1. Bon je vais quand même le lire... J'ai presque tout lu de D.Kennedy mais je me suis lassée car il me semble que les ficelles sont toujours les mêmes.

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