Soixante-neuf tiroirs, Goran Petrovic


Où les livres surprennent et enferment, où les livres permettent l’évasion au sens propre, où les livres fourmillent d’espions, où les livres peuvent se refermer comme des pièges.
« Malgré la froide reliure en maroquin, le livre était chaud, intensément vivant, son pouls secret battait sous les doigts du jeune homme ».
Un lundi d’hiver à Belgrade. Lundi, un jour propice aux commencements de toute sorte, comme chacun le sait (par exemple une confiture d’abricots entamée un lundi ne moisira pas, dixit la mère de l’un des personnages). Adam est contacté par un homme qui lui demande d’annoter un mystérieux manuscrit.
Ielena travaille chez une charmante vieille dame, Natalia Dimitriévitch, qui vit dans un monde où les livres attrapent froid et où on peut fréquenter les magasins d’antan.
Le rapport ? Ces personnages peuvent utiliser les livres, s’y projeter, et même y rencontrer d’autres lecteurs, à la faveur d’une lecture commune, ou plutôt simultanée. Mais cela, seulement à la condition de mener une lecture totale, et non pas une lecture du bout des yeux. « Elle commençait à percevoir aussi d’autres présences. Au même moment, une multitude de gens différents, dans un tout autre coin de Belgrade, dans une autre ville, même à l’autre bout du monde, lisaient le même livre ».
Tous les personnages se retrouvent dans la très spéciale Fondation, un livre conçu comme un monument à l’amour perdu, où chaque détail est un chef d’œuvre longuement ciselé, mais qui risque fort d’être endommagée par des personnages malveillants.
Un roman un peu dans la veine des fabuleux Jasper Fforde, mais en moins drôle et en plus mélancolique ; un livre onirique qui exerce un charme étrange et indéniable, une poésie fragile et subtile ; bref un objet étonnant, qui vaut le détour, et donne envie de découvrir d’autres œuvres de cet auteur, peut-être dans l’excellente collection « Motifs » du Serpent à Plumes avec son très riche catalogue de littérature balkanique. Joli livre donc découvert grâce au très addictif site Babelio.

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