L'homme au canon, Dritëro Agolli


"La population d'Arun se partageait en cinq clans entre lesquels ne régnaient pas toujours une harmonie parfaite".

L'homme au canon commence comme une farce, et finit comme une tragédie.

Nous sommes en Albanie, à la fin de la seconde guerre mondiale, après le départ des Italiens, mais avant l'arrivée des Allemands. Mato Gruda, paysan albanais, trouve, dans la forêt, un canon abandonné par les Italiens lors de leur retraite précipitée. Il projette dès lors d'en faire l'instrument de sa vengeance contre le clan ennemi des Fiz, et se trouve piégé dans un engrenage de violence qui finit par le dépasser.

"Il n'avait guère envie, en un tel moment, de quitter sa maison ; il lui semblait qu'en s'absentant, il exposait son canon à quelque danger. Il éprouvait le besoin de le veiller comme on veille un enfant qui s'agite dans son sommeil et qu'il faut recouvrir de temps à autre".

L'Homme au canon tisse entre elles trois violences : la vengeance traditionnelle et son cycle infernal, les Nazis contre les Albanais, eux-mêmes de plus en plus nettement divisés entre partisans communistes et ballistes (membres du mouvement de résistance anti-italien et anti-communiste). La thématique de la vengeance rappelle évidemment le superbe Avril brisé de Kadaré.

Plutôt en forme de parabole que de roman historique, écriture âpre et dure comme la terre albanaise, mais j'aime quand même mieux, je crois, l'onirisme d'un Kadaré, même s'il manque parfois de renouvellement.

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