Résistance, Owen Sheers


Septembre 1944. Le front russe a été enfoncé, et le débarquement des Alliés en Normandie a été un fiasco complet. Les Allemands ont mené une contre-attaque éclair, et ont pris en Angleterre, où ils avancent rapidement, en pilonnant Londres qui résiste encore.

Dans la somptueuse et désolée vallée de l'Olchon, dans le pays de Galles, tous les hommes jusque là non mobilisés ont brutalement quitté leurs fermes une nuit, laissant les femmes (filles, épouses, mères) seules. Ce coin perdu et oublié du monde et de la guerre voit pourtant bientôt débarquer une patrouille d'Allemands menée par le capitaine Albrecht Wolfram, un gradé anglophone et anglophile.


Le temps passe, et cette patrouille, qui devait mener une mission de quelques semaines, s'installe pour des mois. Des rapports fragiles et complexes se nouent entre ces femmes et ces hommes, présents ou partis, entre méfiance, haine, doutes, suspicion, fierté, résistance, compassion et silence, à l'ombre portée de l'absence des hommes de la vallée qui pèse sur tout le roman.

Quelques accents du Silence de la mer, et le même ton de la parabole dans cette confrontation entre un officier allemand et une jeune fermière galloise. Un roman très lent, où il se passe finalement peu de choses ... mais où il se ressent tant. Intense et par moments lumineux, âpre et poétique. Belle qualité des descriptions, belle finesse d'analyse d'un large spectre de sentiments.

Plutôt intéressant, même si l'expérience uchronique apporte finalement ici assez peu - pourquoi ne pas avoir situé le roman dans des territoires réellement occupés ? - sinon pour donner une portée presque universelle à ce beau propos sur l'esprit de résistance.

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