Paris au mois d'août, René Fallet


Lu sur les conseils de ma Maman, qui me l'a recommandé comme un beau livre, qui était l'un des préférés de mon grand-père.

Avec ce roman, introuvable en librairie, je redécouvre les joies de la bibliothèque, ce qui, quand on a un petit appartement et beaucoup de livres dedans, est franchement appréciable. Cela m'a également donné le plaisir de lire un poche à couverture cartonnée comme on n'en fait plus. Et le poche à couverture cartonnée, c'est drôlement bien : d'abord, ça ne s'abîme pas (pour preuve mon exemplaire de 1964, en parfait état !) et ensuite ça tient ouvert, ce qui est bien pratique dans tout un tas de circonstances. Mais venons-en plutôt au fait.

Henri Plantin, trente-six ans, marié, trois enfants, employé du rayon "pêche" de la Samaritaine, est un type terriblement banal, anonyme, bref un Français moyen, "rien d'autre qu'un élément médiocre de la foule". Il mène une vie terne et tranquille, animée par les disputes de ses enfants et sa haine vis-à-vis de Mme Pampine, son odieuse concierge. Rien à signaler, donc, si ce n'est que, contrairement à la majorité de ses semblables (à commencer par les membres de sa propre famille), Henri Plantin doit passer, cet été, le mois d'août à Paris.

Mais à l'heure de la promenade, voilà qu'Henri tombe sur Patricia, une jeune Anglaise qui l'emballe par la fraîcheur de son teint, le blond de ses boucles, le gris de ses yeux et son accent à la Petula Clark, qui lui répète "I want to live" à qui mieux mieux. Henri se lance alors à corps perdu dans cette aventure inédite.

"L'amour, de même, peut changer cette peau quotidienne et la distendre à bloc pour que s'y glissent un Hernani, un Sorel, un Fortunio très ahuris de se retrouver là. En un vendeur du rayon Pêche par exemple. Il suffit d'un éclair de chaleur sur Paris au mois d'août pour qu'éclate une grenade à l'endroit où sommeille n'importe qui. Nul ne croit à l'éventualité de cette grenade. Telle qu'au combat, elle paraît principalement destinée aux autres."

Ambiance un peu désuète d'un Paris encore populaire, parenthèse enchantée le temps d'une rencontre dans un Paris aoûtien surchauffé (c'est une lecture de saison). C'est un roman qui se révèle plus riche qu'il n'y paraît. Sous un style apparemment simple, une plume vive, et des phrases très justes et qui font mouche. Des personnages fragiles et touchants, vivant une bluette confinant à l'absolu. Un joli livre.

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