Les mains rouges, Jens Christian Grondahl


"C'est toujours moi, ce jeune homme qui allait par les rues de Copenhague, désorienté, une clef de consigne en poche, et j'en sais à peine plus sur lui que ce qu'il pouvait deviner sur celui que je suis aujourd'hui" (pages 13-14).

Nous sommes au Danemark, à la fin des années 1970. Le narrateur, un étudiant, rencontre fortuitement Sonja, une jeune femme séduisante mais aux abois. "Elle rêvait d'autre chose, de partir très loin, mais même ses rêveries la déprimaient, par leur côté songe-creux et fade, et par leur distance avec sa réalité" (page 49).

Elle semble se cacher, et fuit sans s'être dévoilée. Quinze ans plus tard, alors qu'il ne l'a pas oubliée, il croit la reconnaître dans une rue, la suit, l'aborde. Elle finit par lui raconter son histoire, qui nous emmène dans l'Allemagne de la bande à Baader et de la violence des activistes clandestins. Elle se confie, et raconte sa dérive progressive, liée à son absence de culture politique, qu'elle ne parvient pas - ou plus - à comprendre aujourd'hui : "les décors étaient réels, mais ils appartenaient à une histoire qui n'avait rien à voir avec elle" (page 77).

Un livre plein de retenue sur la culpabilité, la responsabilité, le pardon ... et le désenchantement. C'est un bon roman, mais c'est peut-être justement ce côté désenchanté qui m'a un peu déçue ou fatiguée, même si je suis toujours assez sensible à la thématique des "rendes-vus manqués".

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