Dolce vita, 1959-1979, Simonetta Greggio


"Que disais-je ? La Dolce Vita, l'Italie d'alors ... " (page 63)

L'Italie des années 1960 et 1970, c'est celle des Brigades Rouges, de l'assassinat d'Aldo Moro, de la loge P2, de la Dolce Vita, de Pier Paolo Pasolini, des derniers guépards, de la libération sexuelle, des premières mini-jupes, des derniers feux de l'aristocratie oisive et licencieuse, et des débuts du féminisme. Simonetta Greggio nous y entraîne dans un vertigineux tourbillon (dont l'ambition n'est pas sans rappeler le non moins bon Waltenberg).

La forme, d'abord, surprend. Le récit alterne en effet la confession de Malo, prince mourant à Ischia en 2010, et les instantanés et les tableaux de cette Italie de la Dolce Vita, le tout sans fil chronologique bien défini. De fait, j'ai eu un peu de mal à m'adapter à ce rythme qui me désorientait au départ, mais c'est lui qui donne son originalité et son côté "cadavre exquis" au livre.

On replonge ainsi dans une ambiance, depuis les orgies des dandys de la noblesse romaine qui donnent ses notes légères au début du livre, jusqu'au climat de plus en plus tendu et oppressant des années 1970, des attentats et des assassinats politiques qui révèlent des connexions dangereuses entre le pouvoir politique, les services secrets, les loges maçonniques douteuses, l'Eglise et la mafia.

Davantage récit que roman, voilà un livre d'atmosphère, qui donne envie d'approfondir cette période (avec l'Affaire Aldo Moro de Leonardo Sciascia, par exemple, ou en découvrant Pasolini) et de s'y replonger (d'ailleurs l'auteur nous y invite avec sa filmographie et sa discographie).

Fascinants fantômes et troublants mystères italiens ...

"Vous savez, un jour, par le plus grand des hasards, je me suis retrouvé dans un hôtel de Belgrade à la fin de la guerre des Balkans, et tout d'un coup il m'a semblé comprendre plein de choses. Comme si mes yeux se dessillaient. Comme si toutes ces choses que je savais, soudain, commençaient à avoir un sens. Le hall et le bar grouillaient d'hommes d'affaires, de journalistes, de commerçants, de mafieux, de gardes du corps, de prostitués femmes et hommes, de représentants d'organismes humanitaires catholiques, juifs et islamistes, de vrais méchants armés de gros pistolets. C'était bizarre, on ne savait pas qui était qui. Et ce n'était pas si important, après tout. J'ai pensé voilà, l'Italie, c'est ça." (pages 238-239).

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