Le parfum d'Adam, Jean-Christophe Rufin


Juliette, jeune professeur de lettres, se laisse convaincre par un petit ami de participer à une opération commando pour le compte d'une association écologiste. Elle doit libérer les animaux utilisés à des fins expérimentales dans un laboratoire polonais, et se saisir d'une mystérieuse ampoule dont elle ne connaît pas le contenu. Sommé de remettre ladite ampoule au responsable du mouvement, elle refuse et choisit de mener sa propre enquête pour mettre à jour les véritables logiques de ce qui prend rapidement les traits d'un effrayant complot planétaire.

Jean-Christophe Rufin nous propose dans Le parfum d'Adam une plongée sidérante, et peut-être pas si fantasmée que cela, dans l'univers souterrain de l'écologie radicale. Voilà un roman qui a le mérite de poser des questions intéressantes, qui ouvre parfois des portes.

J'avais été tentée par le roman en voyant une jeune femme, assise en face de moi dans le tram, dévorer avidement le livre sans même prendre garde à ce qui se passait dans son environnement proche. J'avais qui plus est déjà lu Jean-Christophe Rufin, avec son curieux Rouge Brésil, une histoire de la brève expérience de colonisation française au Brésil au XVIe siècle, narrée par un truchement (un interprète). Sans avoir totalement accroché, j'avais trouvé l'expérience intéressante (par exemple le travail sur la langue).

C'est le livre de vacances parfait. L'auteur nous balade d'un coin à l'autre du globe, on passe à un rythme effréné de la Pologne à l'archipel du Cap-Vert, des réserves indiennes du Colorado aux favelas de Rio. L'aventure est trépidante, c'est sûr, mais peut-être trop. Certes, on admire la culture et l'humanisme de Rufin, ce globe trotter à la carrière brillante, dans l'humanitaire puis la diplomatie (successivement attaché culturel au Brésil, missionné dans les Balkans, ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie). Mais on a parfois l'impression de "zapper" trop souvent dans une aventure à rebondissements un peu prétextes.

Je n'ai pas été entièrement séduite ; le propos central autour de l'écologie semble un peu écraser le reste, et se fait, à mon sens, au détriment d'autres aspects. Ainsi plusieurs passages me sont apparus naïfs, voire caricaturaux. Le côté "seul contre le complot mondial" est un poil agaçant par moments, et les personnages, manquant d'épaisseur, paraissent peu crédibles et pour moi peu attachants.

Reste que le roman est bien mené, qu'il est sincère et bien documenté. Il est certain que Rufin sait raconter des histoires, et en ce sens, le livre est plaisant. Mais on perd considérablement en poésie dans ce thriller aventureux. Au final, il faut davantage le prendre comme une réflexion philosophique sur les rapports hommes - nature à l'heure de la montée des préoccupations environnementales. Dans l'ensemble, un bon moment de divertissement, donc.

Commentaires

  1. Je l'ai lu en 2008 lors de notre voyage aux Etats-Unis. Comme toi, je n'ai pas franchement accroché. Je trouve qu'il est trop long et cela a tendance à se répéter. Bref, il aurait pu faire bien plus court. C'est trop démonstratif à mon goût. En revanche, j'ai beaucoup aimé Rouge Brésil que j'ai lu lorsque l'on passait le CAPES (la question portait sur l'Amérique latine). Les personnages y sont attachants et le contexte tout à fait particulier avec cet épisode souvent méconnu de tentative de colonisation française au Brésil. Et puis le thème de la rencontre des civilisations ("choc culturel"?) y est abordé avec beaucoup de finesse. C'est un prof qui nous avait conseillé de le lire pour comprendre les origines de Brésil et ce mythe de la nation métissée.

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  2. mouais, étrange que le parfum d'Adam ne soit pas extrêmement convaincant, alors qu'effectivement il y avait de l'idée dans Rouge Brésil ...

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  3. Comme Vincent je l'a lu pendant notre voyage aux États-Unis en 2008. J'ai trouvé le livre trop aussi...

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