Où la carabinière est une vraie pistina (mais où elle a des raisons de l’être) ;
Où il manque une pomme dans le saladier ;
Où ce que l’on ne peut vraiment pas digérer, c’est l’effet Shanghai ;
Où tout a commencé par la potion.
L’incipit
« Oui, en pratique, c’est moi qui ai découvert le corps de cette femme dans le fossé et qui ai appelé les carabiniers de mon portable, sans y réfléchir à deux fois. Qu’est-ce que je pouvais faire, rentrer tranquillement chez moi, me préparer un café et ne plus y penser, je n’ai rien vu, ce ne sont pas mes affaires, et la putain, qui d’autre la trouvera ? »
Comment en suis-je arrivée là ?
Par hasard.
De quoi s’agit-il ?
Mme Covino découvre un cadavre dans un fossé en allant cueillir des tournesols. C’est une jeune prostituée roumaine, ce qui met les carabiniers sur la piste du banal règlement de compte. Mais cette affaire s’avère rapidement plus compliquée. Car Milena est une prostituée repentie, reconvertie en baby-sitter, et qui a épousé son employeur, un riche banquier turinois. Au fil de l’enquête, les récits menés tour à tour par les différentes femmes impliquées soulèvent de nombreuses zones d’ombre.
La citation
« Avec Fiorenza nous nous entendions à merveille. Quelle belle expression. Mais en quoi consiste exactement l’amitié, cela reste un mystère. Les goûts communs ? Sornettes. Les affinités ou différences de caractère ? Le même regard sur le vie ? Les conseils échangés ? Autres belles paroles. Le plus probable est que de part et d’autre existe la même certitude, instinctive, absolue, que l’autre ne vous jugera pas. On peut lui dire n’importe quoi, de la suprême ânerie au secret le plus intime, on sera critiqué, désapprouvé, voire insulté, mais jamais par un juge » (p. 101-102)
Ce que j’en ai pensé :
De madame Covino, la surveillante-chef du collège, à Mara, la serveuse écervelée et fleur bleue, en passant par la fille du veuf et son amie Béatrice, sans oublier la bénévole, la carabinière, la journaliste, et la vieille comtesse comme une cerise sur le gâteau, tout le charme du roman réside dans sa polyphonie, qui en fait une œuvre vivante, fraîche et rythmée, à la narration bien particulière. Roman policier, mais surtout roman psychologique, pour autant sans grande surprise, mais un tableau de mœurs intéressants sur la grande bourgeoisie italienne. Au final un roman plaisant, au charme un peu désuet, qui pourrait rappeler certains aspects des Boileau-Narcejac (du reste, Fruttero a longtemps écrit en tandem avec Lucentini, disparu récemment).
Paru en italien (Donne informate sui fatti) en 2006 – en poche chez Robert Laffont Pavillons, 7,90 euros – 275 pages.
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