La jeune mariée juive, Luigi Guarnieri

Où les hivers amstellodamois et parisiens font froid dans le dos ;

Iguane immortel devient Le sexe est un orang-outang qui ne fume que de mauvais cigares, puis Mort du rat à Leningrad, Grammaire des affects et enfin Manuel d’autodéfense amoureuse ;

Où le détective privé corse a un style douteux ;

Où il ne vaut mieux pas se faire passer pour un éleveur de chiens auprès d’un diamantaire ;

Où la quête de l’être aimé est tout de même bien compliquée ;





Comment en suis-je arrivée là ?


J’avais lu précédemment un joli petit livre du même auteur, La double vie de Vermeer, relatant de manière entrecroisée la vie du maître flamand et celle d’Hans van Meegeren (VM), un des faussaires les plus habiles de la seconde moitié du 20e siècle, qui y est parvenu à faire passer ses faux pour d’authentiques Vermeer, y compris auprès de Göring, l’un des collectionneurs les plus acharnés de cette époque, qui compose aussi une des figures majeures du roman, et que l’on découvre là sous un angle assez insolite. Selon mon principe en fonction duquel il faut essayer pour mieux connaître, je tente donc un autre roman de Luigi Guarnieri également édité en poche.


De quoi s’agit-il ?


Et de fait c’est tout à fait différent. Bien sûr, on retrouve les ingrédients qui font le succès du premier, et en particulier une connaissance très fine du 17e siècle des Pays-Bas, à l’ambiance bien restituée. Mais il est cette fois-ci question de Rembrandt, ou plus exactement de l’une de ses œuvres inachevées, La jeune mariée juive, qui obsède les différents personnages : ceux du tableau, mais aussi une lointaine parente de la jeune mariée en question, qui a mis le grappin sur un écrivain raté et totalement à la dérive, Leo Gualtieri, un pseudo-double de l’auteur.


La citation


« Je crois même pouvoir dire, avec une certitude relative, qu’une bonne moitié de mes rares amis ignore comment je gagne ma vie. Certains pensent, probablement, que je vis aux crochets de ma tante – idée qui, en fait, n’est pas totalement fausse. En outre, si je racontais que je cherche dans tout Paris une mystérieuse jeune fille néerlandaise (mais de vieille famille portugaise) que je n’ai plus revue depuis janvier 1988 et qui possède sans doute des documents très importants pour moi, afin de mener à bien l’élaboration romanesque de l’histoire d’une de ses ancêtres, modèle d’un tableau peint par Rembrandt vers 1665 … Eh bien, j’ai peine à croire que l’on me prendrait au sérieux. » (p. 198).


Ce que j’en ai pensé :


Les deux narrateurs sont aussi antipathiques l’un que l’autre, mais paradoxalement presque attachants ; les deux femmes sont manifestement complètement givrées, et l’ambiance du livre baigne dans une atmosphère étrange, très noire et assez déprimante. On est malgré tout happé dans le récit, qui construit, de manière complexe, une sorte de livre dans le livre assez curieux, au ton parfois drôle (mais grinçant), où la proximité de la folie est toujours inquiétante. Certains passages font un peu penser, pour l’ambiance, à du Carlos Somoza (La théorie des cordes, La Dame n°13, Clara et la pénombre).


Paru en 2006 – en poche chez Babel – 7,50 euros – 284 pages.

Commentaires

  1. je viens de finir la double vie de vermeer c'était vraiment très très bien! Merci :) !! Un peu de littérature américaine et je me plonge dans la jeune mariée juive ^^

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  2. Je suis contente si mes modestes billets vous donnent envie de lire, et c'est sympa d'avoir un retour ! Cet été j'ai le tableau "La fiancée juive" de Rembrandt au Rijkmuseum d'Amsterdam, et c'est intéressant d'avoir lu le bouquin avant, on en porte un regard différent sur le tableau !

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